07 novembre, 2011

Dupré par Marcel ou on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même !



Je me souviens de Marcel Dupré, de ses mains noueuses, de ses doigts de sarment déjà très déformés par les rhumatismes, et enfant, je me demandais comment on pouvait "encore jouer aussi vite avec des mains pareilles". J'ignorais alors que comme Louis Thiry, on peut être virtuose, aveugle, avec des doigts et des phalanges en moins...
Je me rappelle qu'à l'époque, voire un peu avant celle où il faisait ce superbe enregistrement d'une de ses œuvres dont je raffole (oui, j'ai des goûts, pas réunis du tout, j'assume !), Dupré vint donner un concert à Poitiers, à Sainte-Radegonde. J'avais sept ou huit ans, il me paraissait très vieux, ayant à peu de choses près l'âge de mon grand père, mais surtout auréolé d'une réputation et d'une autorité extraordinaire. Madame Dupré, élégante, gants et chapeau, l'accompagnait. Il faisait, comme toujours, malgré le printemps échu, un froid de canard dans une église humide car près de la rivière, jamais chauffée, même en hiver et de fait, inchauffable. Il y avait, dans la nef plantagenêt superbe et de belle taille, 17 personnes, pas plus, dont une bonne partie de ma famille, autant de celle de mon bon maître, l'organiste de la cathédrale, le clergé (Marcel venait d'être élu "Membre de l' Institut" !) et le bedeau, à l'époque il y en avait encore un.
C'était un dimanche après midi et avait lieu à la même heure une course d'obstacles à l'hippodrome de la Cadoue, le champ de courses de Poitiers, à dix kilomètres à l'ouest, du coté de Biard, pour ceux qui connaissent...
Madame Dupré était furieuse : comment avait-on pu organiser un steeple-chase le jour où son mari donnait un concert !
Je vous jure, j'invente rien.


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