21 août, 2011

La saponaire, ma mère, et une économie, voire une hygiène de proximité...

Quand j'étais tout petit ma mère, un peu obsessionnelle du nettoyage rituel, me fit découvrir en me la nommant, les vertus moussantes et détergentes de la saponaire qui poussait autant que les orties et les carottes sauvages dans notre (grand) jardin un peu à l'abandon. En attendant, si elle ne faisait pas sa lessive avec, moi, je m'en lavais les mains... Mais comment, elle, citadine s'il en fut, connaissait-elle tout ça ? Bon dieu, mais c'est bien sûr ! c'est son père, l'admirable Jean-Baptiste qui "pendant la guerre" leur fit durant quatre ans du "café" presque buvable en torréfiant des trucs que lui seul connaissait et dont on ne sait même plus le nom...

Et puis, je me souviens qu'on utilisait, je ne sais pas si c'était une lessive écolo avant l'heure et à l'insu de son plein gré, de la "Saponite", marque déposée, conditionnée tout comme la "Saint-Marc", en paillettes et flocons... Faut dire qu'à l'époque, on fabriquait sur place. Il y avait à un kilomètre de chez nous à vol d'oiseau, notre Procter et Gamble local artisanal... On y fabriquait la lessive, l'eau de javelle, le savon et le crésyl pour tout Poitiers et ses environs. La "Vincendrie" que ça s'appelait... C'était une petite mais florissante entreprise, on pouvait même acheter sur place, sans intermédiaire ! Ok, c'était pas le CAC 40 mais ça marchait très bien. Au point que le père d'un camarade d'enfance à moi avait installé juste à coté son commerce y afférent de balais, brosses, seaux et serpillères... Bien sûr, la Vincendrie rejetait dans le Clain (rivière qui traverse Poitiers, avec son modeste affluent la Boivre, seul mot français, chacun le sait, qui rime avec poivre...) de la soude, du chlore et autres saloperies, mais ça nettoyait, faut le reconnaître, la rivière des boyaux, entrailles, tripes et viscères que les abattoirs y déversaient à flot et en amont, nous évitant, c'est probable, la "polio" très active encore à l'époque et autres pathologies galopantes, car tout ça ne nous empêchait pas d'aller nous baigner, vaccinés ou non, quatre kilomètres plus bas, en aval, sous le pont de chemin de fer, au gué de la Doue, route de Lessart pour les nostalgiques et autres rescapés...

Je vous ferai grâce, en nos temps de "commerce équitable", des torréfacteurs locaux, rien moins que deux à Poitiers, Gilbert et Le Mexicain... J'ai encore l'odeur dans le nez, le matin en partant à l'école et passant devant la toute petite usine du second dans un ancien hospice près de Montierneuf. D'ailleurs et c'est pas sans raison, ce que j'aime vraiment dans le café, en dehors de possibles effets contre l'endormissement, honnêtement, c'est pas vraiment le goût, c'est l'odeur.

Mais si, je vous en parlerai.

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