Je devais avoir huit-neuf ans, et j'avais un copain à l'école Saint-Louis qui s'appelait Patrick B. C'était une sorte de bébé blond gentil comme tout. Fils unique de gros commerçants poitevins, il était déjà, bien avant que j'apprisse que ça existe, folle, sans qu'il le sût non plus, on aurait plus simplement dit à l'époque qu'il était efféminé, un euphémisme en ce qui le concernait.
Une vingtaine d'années après, à la Petite Villette, lieu de drague homo poitevin de l'époque, je le rencontrai un soir et le reconnus à sa voix ou plus encore à sa manière de parler, car le frêle bambin était devenu une sorte de créature trapue et velue qui n'avait plus rien à voir, hormis ses yeux de biche, avec le souvenir que j'avais gardé de lui. Une fois que nous nous fûmes complètement reconnus, il me raconta son histoire. Sur ses seize ans, toujours aussi folle, il inquiéta ses parents qui, une fois qu'il leur eût annoncé, ce qui vers 1966 - tout visible que ce fut - était sérieusement méritoire, son homosexualité, le conduisirent - il était mineur - chez un psychiatre local qui se chargea, ça se faisait à l'époque, quand au même moment l'ineffable Oraison prônait la thérapie par le mariage, de l' hétérotiser en lui administrant force testostérones...
Ce qui fit que de glabre et pédé comme un phoque il se retrouva poilu comme un singe sans devenir hétéro. Le soir où je le revis il était néanmoins et tant mieux, signe de sa victoire et de sa résistance, dans son petit jean moulant, sa pochette sous le bras, encore plus folle qu'avant.
Une vingtaine d'années après, à la Petite Villette, lieu de drague homo poitevin de l'époque, je le rencontrai un soir et le reconnus à sa voix ou plus encore à sa manière de parler, car le frêle bambin était devenu une sorte de créature trapue et velue qui n'avait plus rien à voir, hormis ses yeux de biche, avec le souvenir que j'avais gardé de lui. Une fois que nous nous fûmes complètement reconnus, il me raconta son histoire. Sur ses seize ans, toujours aussi folle, il inquiéta ses parents qui, une fois qu'il leur eût annoncé, ce qui vers 1966 - tout visible que ce fut - était sérieusement méritoire, son homosexualité, le conduisirent - il était mineur - chez un psychiatre local qui se chargea, ça se faisait à l'époque, quand au même moment l'ineffable Oraison prônait la thérapie par le mariage, de l' hétérotiser en lui administrant force testostérones...
Ce qui fit que de glabre et pédé comme un phoque il se retrouva poilu comme un singe sans devenir hétéro. Le soir où je le revis il était néanmoins et tant mieux, signe de sa victoire et de sa résistance, dans son petit jean moulant, sa pochette sous le bras, encore plus folle qu'avant.
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