23 août, 2008

Histoire de vapeur, vapeurs d'Histoire...

Il y a de ça une bonne vingtaine d'années, travaillant à Bonn, je vais un jour, pour ne rien vous cacher, me faire un petit sauna à Cologne. Le "Vulkano" est très sympathique. Comme tous les saunas allemands et contrairement aux saunas français de l'époque, le Vulkano est très naturellement "inter-générationnel", les allemands ignorant, car habitués depuis des lustres au naturisme, la ségrégation corporelle... Je vais, entre deux déambulations, me boire une petite Kölsch au bar, décoré façon taverne-mimi-pinson, fer forgé et trophées aux murs (visiblement, en consultant à l'instant le site de l'endroit, ça n'a pas changé d'un iota !) Deux braves sexagénaires en pleine forme sont là qui discutent et qui, comprenant, c'est pas difficile malgré mes tudesques blondeurs, que je suis français engagent la conversation. Ach ! la France, ils aiment énormément la France et les français, la bouffe, le pinard, même qu'ils y vont souvent en vacances, pas uniquement pour descendre en Espagne. Wie Gott im Frankreich !!! Je leur demande, sans aucune malice (y a des moments où je suis un peu con, façon Sarkozy demandant la même chose au Pape), quand ils y sont venus pour la première fois, en France et où ils ont appris le français... J'aurais du me douter... Sans complexe et ils ont raison, ils me disent qu'ils étaient en garnison à Saumur en 1940 et qu'ils y sont restés suffisamment pour apprendre... Et d'un seul coup d'un seul, je me dis "et s'ils avaient été de ceux qui, le 20 août 1940, au détour d'un chemin de la campagne saumuroise, l'ont connement descendu !". Peut-être suis-je en train de boire un coup dans un lieu de débauches avec les tueurs, même s'ils l'ignorent sans aucun doute, de l'un des plus grands compositeurs français de tous les temps... J'aurais pu les rencontrer à deux pas d'ici, chez Früh autour d'un délicieux jarret de porc grillé, sans qu'on parle... Non, il fallait que ce soit là, dans l'un de ces lieux plus intimes où se fait le rapprochement des peuples par ces soldats réconciliés qui fraternisent à qui mieux mieux... D'accord, pas de quoi être tondu rétrospectivement, mais, même si la probabilité reste des plus minimes, ça fait un petit choc... Alors, on parle d'autre chose... D'aujourd'hui... si j'aime l' Allemagne, Cologne, la Kölsch "vom Fass" bien sûr, celle qui jaillit du tonneau ! und so weiter... Oui, je sais, ça pourrait être le début d'un roman... Ah, la vapeur ! Ces brumes germaniques qui du Rhin tumultueux s'exhalent et se mêlent d'un seul coup quarante années plus tard au hasard d'une rencontre à celles de la Loire allanguie...
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2 commentaires:

LESA FAKER a dit…

c'est drole cette histoire , d'eau de Cologne et sans rire , il était un des plus géniaux compositeurs du siecle. le dormeur du val

P. P. Lemoqeur a dit…

Vous ne pouviez pas ne pas le reconnaître...

J'ai aussi connu une organiste allemande qui mettait tant d'énergie à défendre sa mémoire et sa musique qu'il m'est arrivé de me demander si, contrairement à mes amis furtifs de sauna ignorants de tout ça, elle n'était pas persuadée, voire certaine et culpabilisante, d'être la fille avérée d'un des tireurs...
Bref de Johann à Jehan...
Le roman, alors se précise : qui est l'enfant de celui qui a tué, je le nomme enfin, Jehan Alain...

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