17 mai, 2010

Entendre voir sentir

Je frappais régulièrement mais sans rythme précis, d'un caillou le centre d'une boite vide de gomme de réglisse. Ce son, tout dans l'attaque, presque sans harmoniques, me fascinait, autant que le retour de vibrations amorties que ressentait ma main.
Je fixais une image d'un catalogue de fruits de chez Vilmorin. Les couleurs, le rouge des cerises en particulier, me fascinaient.
Je gardais dans mes muqueuse nasales le fumet précis d'un plat du tout dernier repas que je me re-servais. Cette odeur me fascinait que je réussissais à réactiver par de brèves, rapides et successives inhalations, la dégageant de toute fonction gastronomique pour l'investir comme le reste d'un vrai, fût-il éphémère, pouvoir magique.
Je l'ai encore en mémoire, comme j'ai en mémoire le rouge de Vilmorin et le bruit de la boite...
J'avais six ou sept ans. J'avais mes mantras et mes mandalas à moi. Des sortes de transes résultaient de ces secrètes pratiques, tout au fond du jardin, l'après-midi, l'été . J'étais de fait et presque consciemment mon propre et enfantin sorcier ainsi que son/mon adepte
Je puis encore aujourd'hui me mettre dans des états seconds par la simple contemplation d'une surface colorée, d'un bruit réitéré, d'une odeur mémorable.

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