22 août, 2010

Une peinture assourdissante

Cet après-midi, Polo, Lésa et moi sommes allés au Louvre, ça devient une délicieuse habitude. Et je fais à seize heures trente ce dimanche une découverte sensorielle personnelle d'importance. Comme il y a des musiques qui évoquent des images, c'est un truisme, il y a, et ça l'est moins, a contrario des tableaux discrètement sonores, feutrés, et puis il y a des tableaux qui font un raffut incroyable. C'est le cas des "Noces de Cana" de Véronèse. Je suis un fou de ce tableau, mais il m'a fallu attendre aujourd'hui pour réaliser que j'étais depuis toujours fasciné car assourdi pas le bruit qui s'en dégage. Des bruits de vaisselle, de frottements d'étoffes de soie, de cliquetis de couteaux, de coups de hachoir du boucher sur la terrasse juste au dessus de Christ, de pas sur les dallages, de voix fortes qui réclament, de voix douces qui chuchotent, de cris d'animaux au sol, chiens à gauche et au mitan, chat à droite, d'oiseaux dans le ciel, et au beau milieu, au premier plan, hommage rendu par le peintre à l'oreille, un "baroqueux" de l'époque (!) qui accorde sa viola da braccio en discutant avec un autre musicien, chanteur sans doute... Seuls, au centre de l'assemblée, la Vierge comme insensibilisée et le Christ préfigurant la Cène et visiblement déjà mort, semblent ne rien entendre, ne rien voir de l'agitation festive ambiante...
Je vais vous choquer sans doute, mais Véronèse, ici c'est du Technicolor en Dolby-Stéréo...

1 commentaire:

Olivier Autissier a dit…

J'aime beaucoup aussi. En fait, je crois que je me suis toujours dit que j'aurais aimé y participé :)

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