Les Charentais sont des poitevins, mais en sympathiques.
Donc, je vous le confiai à l'instant, je fis comme tout étudiant poitevin dans les années 69 les vendanges en Charentes. Le CROUS vous casait sans problème. On m'envoya avec mon copain Francis à Brizambourg, près de Matha. Des gens adorables. Oh pas une grosse exploitation, quarante, cinquante hectares, une dizaine de vaches et ce qu'il faut de fourrage pour les bien nourrir, mais aussi, surtout, de la vigne, du raisin, de l'or blanc, du brut à Cognac... Il y avait le père, la mère, la fille ( Roseline, les autres prénoms, j'ai oublié) le fils qui "faisait son temps'" ( son service militaire), la grand mère qui ne bougeait plus beaucoup et le grand père qui avait fait "la Grande". Il se postait, sous son béret, appuyé des deux mains croisées sur sa canne au début d'un rang de vigne, commençait à nous raconter le "Chemin des dames" et attendait que nous soyons redescendus pour continuer de rang en rang, sans en perdre le fil, le récit de son épopée. Pétés de thunes, ils habitaient une superbe longère toute blanche en calcaire. Tout le confort moderne. Cuisine américaine, salle de bain dallée de marbre rose avec des glaces partout, mais pour aller aux chiottes, c'était toujours, je vous le jure, dans une cabane en planches au fond du jardin... J'ai jamais osé demander pourquoi, c'est peut-être ça au fond la vraie délicatesse, ne pas chier là où l'on vit.
On mangeait un tas de trucs délicieux, dès le matin, avant d'aller dans la gelée d'automne s'occuper du raisin. De la charcutaille maison, du gigouri, de la garbure et puis de la soupe de giromont (citrouille) dans laquelle on mettait du chocolat en poudre... Une merveille... Les propriétaires étaient, comme mon pote et moi des fans des shadocks... Tous les soirs devant la télé, sur les vingt heures tout s'arrêtait, on se marrait ensemble ! La patronne avait un tic verbal, elle disait à tout bout de champs tous les trois mots : "tétonant" ("c'est étonnant?", on n'a jamais su). Elle allait chaque samedi matin chez le coiffeur pour entretenir sa permanente, mais elle faisait aussi elle même, de ses blanches mains, des crépinettes pour manger avec les marennes... Quand au patron, je m'en souviens, il faisait son pineau... C'est vous dire ...
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Donc, je vous le confiai à l'instant, je fis comme tout étudiant poitevin dans les années 69 les vendanges en Charentes. Le CROUS vous casait sans problème. On m'envoya avec mon copain Francis à Brizambourg, près de Matha. Des gens adorables. Oh pas une grosse exploitation, quarante, cinquante hectares, une dizaine de vaches et ce qu'il faut de fourrage pour les bien nourrir, mais aussi, surtout, de la vigne, du raisin, de l'or blanc, du brut à Cognac... Il y avait le père, la mère, la fille ( Roseline, les autres prénoms, j'ai oublié) le fils qui "faisait son temps'" ( son service militaire), la grand mère qui ne bougeait plus beaucoup et le grand père qui avait fait "la Grande". Il se postait, sous son béret, appuyé des deux mains croisées sur sa canne au début d'un rang de vigne, commençait à nous raconter le "Chemin des dames" et attendait que nous soyons redescendus pour continuer de rang en rang, sans en perdre le fil, le récit de son épopée. Pétés de thunes, ils habitaient une superbe longère toute blanche en calcaire. Tout le confort moderne. Cuisine américaine, salle de bain dallée de marbre rose avec des glaces partout, mais pour aller aux chiottes, c'était toujours, je vous le jure, dans une cabane en planches au fond du jardin... J'ai jamais osé demander pourquoi, c'est peut-être ça au fond la vraie délicatesse, ne pas chier là où l'on vit.
On mangeait un tas de trucs délicieux, dès le matin, avant d'aller dans la gelée d'automne s'occuper du raisin. De la charcutaille maison, du gigouri, de la garbure et puis de la soupe de giromont (citrouille) dans laquelle on mettait du chocolat en poudre... Une merveille... Les propriétaires étaient, comme mon pote et moi des fans des shadocks... Tous les soirs devant la télé, sur les vingt heures tout s'arrêtait, on se marrait ensemble ! La patronne avait un tic verbal, elle disait à tout bout de champs tous les trois mots : "tétonant" ("c'est étonnant?", on n'a jamais su). Elle allait chaque samedi matin chez le coiffeur pour entretenir sa permanente, mais elle faisait aussi elle même, de ses blanches mains, des crépinettes pour manger avec les marennes... Quand au patron, je m'en souviens, il faisait son pineau... C'est vous dire ...
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