21 février, 2010

Mobilité professionnelle et mobilier

Mon billet précédent me fait me rappeler ce qui suit.
ou :
Anthropologie sociale du mobilier en milieu urbain...
Quand j'étais gamin, même si nous n'étions pas riches, le mobilier de la maison qui était très spacieuse, famille nombreuse oblige, était lourd car voué à la sédentarité et aux assauts de la multitude, sans être inélégant pour autant. Mon père homme de goût avait dans son entreprise des ébénistes habiles et initiés qui fabriquèrent nos meubles à l'ancienne, rustiques Louis XV avant la mode, sérieux, en chêne, pas un clou, pas une vis, assemblés chevilles, tenons et mortaises, queues d'aronde et traits de Jupiter et colle à l'os pour ceux qui savent ! Ce mobilier, bien que pour la plupart de ses éléments, construit et oui... sur le "nombre d'or", n'était pas "chic" pour autant car il n'avait pas de fonction sociale précise et surtout pas, de représentation.

J'avais, ado, un ami dont le père était médecin militaire. Ils habitaient une de ces maisons extrêmement fonctionnelles que les américains avaient construites et laissées à l'armée française lorsque de Gaulle les remercia.
J'étais fasciné par leur mobilier qui relevait, pour les raisons que j'évoquais à l'instant pourtant du camping, car il y avait chez eux des meubles que nous n'avions pas, en particulier un canapé moderne et une table basse, mais aussi et surtout, une table de bridge et ses quatre fauteuils... La mère de mon copain, femme de colonel, qui elle aussi était de facto femme au foyer faisait la bouffe, le ménage et jouait au bridge. Ma mère, non.
Tout un monde mondain donc dans une table pliante qui devait peser cinq kilos, recouverte de feutre vert et, comble de la modernité, un cendrier télescopique à chaque coin, gravé d'un trèfle, d'un pic, d'un carreau ou d'un coeur...

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