Qui a eu cette idée littéraire d'accoler ces deux mots que tout oppose au point d'en faire un oxymore exemplaire, c'est à dire un effet de style, sans plus de sens que celui qu'on veut bien lui donner ?
En effet, prenons tour à tour ces deux mots
En effet, prenons tour à tour ces deux mots
L"Identité", c'est, me dit mon dictionnaire, "le caractère fondamental de quelque chose ou de quelqu'un. C'est aussi le signalement exact, les données permettant d'individualiser quelqu'un". Bon, y a pas à tortiller, l'identité est "singulière" elle s'intéresse et définit "l'unicité". C'est pas compliqué ! L'identité, c'est un constat, celui de ce qui est, en aucun cas celui de ce que ce devrait être.
La "Nation" en revanche", c'est une communauté, un groupe, c'est à dire un ensemble d'individus que relient mille et une choses variables et variantes. C'est de tout évidence un ensemble, donc pluriel...
Ce qui revient à dire qu'en réunissant ces deux mots strictement opposés dans ce sens, en une seule locution, on a, soit un projet "poétique", soit un projet "politique"... Dans le premier cas avec d'autre mots, l'oxymore est charmant. Dans le second il prépare par l'usage de la rhétorique la plus usée un extraordinaire foutage de gueule.
Car faut pas se leurrer... le but est de créer une sorte de moule, de gabarit dans lequel tout le monde devra passer qui en inversant les propositions sort de l'absurde pour devenir ce qu'on nous prépare, le concept de "nationalisme identitaire".
J'exabuse encore ? Allons, soyez sérieux, vous savez bien que non !
C'est pourquoi je vous ressers ce dont je vous ai déjà fait part, j'ai des prémonitions, il y a quelques mois.
Voilà.
C'est Ernest Renan qui écrit ça ou plutôt qui le dit lors de sa conférence en Sorbonne le 11mars 1882II
I.- DE LA RACE DISENT PLUSIEURS AVEC ASSURANCE.
Les divisions artificielles, résultant de la féodalité, des mariages princiers, des congrès de diplomates sont caduques. Ce qui reste ferme et fixe, c'est la race des populations. Voilà ce qui constitue un droit une légitimité. La famille germanique, par exemple, selon la théorie que j'expose, a le droit de reprendre les membres épars du germanisme, même quand ces membres ne demandent pas à se rejoindre. Le droit du germanisme su'r telle province est plus fort que le droit des habitants de cette province sur eux-mêmes. On crée ainsi une sorte de droit primordial analogue à celui des rois de droit divin ; au principe des nations on substitue celui de l'ethnographie. C'est là une très grande erreur qui si elle devenait dominante perdrait la civilisation européenne. Autant le principe des nations est juste et légitime, autant celui du droit primordial des races est étroit et plein de danger pour le véritable progrès.
Ah, il dit aussi ça Ernest Renan :
"La vérité est qu'il n'y a pas de race pure"
"Ce n'est pas la terre plus que la race qui fait une nation"
"L'existence d'une nation est un plébiscite de tous les jours"
" Une grande agrégation d'hommes, saine d'esprit et chaude de coeur, crée une conscience morale qui s'appelle une nation"
C'est édité dans la collection "Attitudes" par les éditions "Le mot et le reste". Introduction érudite de Roland Breton
Voila, c'est marrant car ce matin Philippe Seguin à qui on demandait ce qu'il pensait de cette histoire à conseillé aux auditeurs de lire ce texte...
Ségolène Royal devrait, elle aussi qui revendique l'idée, se fendre de l'acheter, et surtout de le lire...
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