Jacques Deval est un auteur français de vaudevilles à succès que moquèrent tous les brechtiens français d'après guerre... Deval, c'était un peu comme Marcel Achard... vous voyez... Ils eurent d'ailleurs dans leurs succès des comédiens communs, en particulier Elvire Popesco.
Seulement, seulement, il ne faut jamais croire qu'on a fait le tour des gens et de leur oeuvre...
En 1933, fuyant le nazisme pour avoir été décrété artiste dégénéré et parce qu'il était un peu juif aussi, Kurt Weil, de passage à Paris fait représenter avec l'aide des Noailles plusieurs de ses oeuvres qui sont conspuées par une cabale d'extrême droite menée par Florent Schmidt et Lucien Rebatet...("Vive Hitler!" aurait dit l'indécent imbécile antisémite Florent Schmidt à l'issue d'un de ces concerts avant -quand même !- de se faire virer de la salle...).
C'est alors que Weil rencontre Deval. D'après le roman homonyme de celui-ci ils écriront ensemble un chef d'oeuvre que personne hélas aujourd'hui ne se souvient d'avoir entendu dans son intégralité. Il s'agit de "Marie Galante".
" Les filles de Bordeaux qui s'en vont sur la vague.
Feraient mieux de s'foutre à l'eau,
sans sortir de Béhague.
Les filles de Bordeaux vont crever
aux quatre coins du monde,
pour servir de proie à tous les salauds !
"C'est ainsi que Marie Galante emmenée sans le savoir à l'autre bout de l'océan, espère, sur le port de Panama, prendre le navire qui la ramènera en France. Elle se lie d'amitié avec le nègre Josiah, qui la soutient à vivre l'espoir de rentrer chez elle. Bercée par les rêves, elle se heurte à la réalité d'une société où règne l'espionnage, la prostitution et le marchandage d'êtres humains." (Résumé du Théâtre " Le Passage vers les étoiles" qui l'a repris dans sa version vraisemblablement théâtrale.)
J'ai extrait cette partie du texte de Deval d'un enregistrement superbe du "Willem breuker kollectief" et de Loes Luca et qui montre Marie Galante en plein délire mystique...
"Prions-le tous bien haut, au ciel est le Seigneur
Mais iront-ils au ciel tous ceux qui le prièrent ?
Non, ce n’est pas ton frère et ce n’est pas ta sœur,
C’est moi qui ai, Seigneur, grand besoin de prière...
Voici le train du Ciel
Voici le train du Ciel
Malheur, malheur aux moins agiles
Voici le train de l’Évangile
Voici le train ...
J’entends et tu entends tonner les roues de fer
La cloche et le sifflet de la locomotive,
La vapeur et les freins qui me tordent les nerfs,
C’est le train du Seigneur, je le vois qui arrive.
Mais un autre train noir
Suit le train du Seigneur.
Vite, Vite, dans le bon train,
Dans le bon train montez vite, pécheurs
Montez dans le train...
Roule, balance, berce, O train silencieux,
Notre frère chéri vers la gare du Père.
Berce-le sur tes rails qui glissent vers les cieux,
Au dessus du Jourdain, au dessus du Calvaire.
Regardez et voyez
Notre frère descendre,
Dans les bras du Grand Saint Pierre
Qui est venu l’attendre.
Voilà, l'auteur aujourd'hui méprisé était aussi capable de ça... La musique est bien sûr sublime...
Kurt Weil, s'en fut ensuite aux États-Unis où il composa d'extraordinaires comédies musicales que peu de gens connaissent en France... Dommage !
Bon, comme il y a une justice, on joue plus Weil que Schmidt sur les scènes du monde entier. On continue en revanche d'oublier que Deval fut son complice, le temps d'un chef d'oeuvre...
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Seulement, seulement, il ne faut jamais croire qu'on a fait le tour des gens et de leur oeuvre...
En 1933, fuyant le nazisme pour avoir été décrété artiste dégénéré et parce qu'il était un peu juif aussi, Kurt Weil, de passage à Paris fait représenter avec l'aide des Noailles plusieurs de ses oeuvres qui sont conspuées par une cabale d'extrême droite menée par Florent Schmidt et Lucien Rebatet...("Vive Hitler!" aurait dit l'indécent imbécile antisémite Florent Schmidt à l'issue d'un de ces concerts avant -quand même !- de se faire virer de la salle...).
C'est alors que Weil rencontre Deval. D'après le roman homonyme de celui-ci ils écriront ensemble un chef d'oeuvre que personne hélas aujourd'hui ne se souvient d'avoir entendu dans son intégralité. Il s'agit de "Marie Galante".
" Les filles de Bordeaux qui s'en vont sur la vague.
Feraient mieux de s'foutre à l'eau,
sans sortir de Béhague.
Les filles de Bordeaux vont crever
aux quatre coins du monde,
pour servir de proie à tous les salauds !
"C'est ainsi que Marie Galante emmenée sans le savoir à l'autre bout de l'océan, espère, sur le port de Panama, prendre le navire qui la ramènera en France. Elle se lie d'amitié avec le nègre Josiah, qui la soutient à vivre l'espoir de rentrer chez elle. Bercée par les rêves, elle se heurte à la réalité d'une société où règne l'espionnage, la prostitution et le marchandage d'êtres humains." (Résumé du Théâtre " Le Passage vers les étoiles" qui l'a repris dans sa version vraisemblablement théâtrale.)
J'ai extrait cette partie du texte de Deval d'un enregistrement superbe du "Willem breuker kollectief" et de Loes Luca et qui montre Marie Galante en plein délire mystique...
"Prions-le tous bien haut, au ciel est le Seigneur
Mais iront-ils au ciel tous ceux qui le prièrent ?
Non, ce n’est pas ton frère et ce n’est pas ta sœur,
C’est moi qui ai, Seigneur, grand besoin de prière...
Voici le train du Ciel
Voici le train du Ciel
Malheur, malheur aux moins agiles
Voici le train de l’Évangile
Voici le train ...
J’entends et tu entends tonner les roues de fer
La cloche et le sifflet de la locomotive,
La vapeur et les freins qui me tordent les nerfs,
C’est le train du Seigneur, je le vois qui arrive.
Mais un autre train noir
Suit le train du Seigneur.
Vite, Vite, dans le bon train,
Dans le bon train montez vite, pécheurs
Montez dans le train...
Roule, balance, berce, O train silencieux,
Notre frère chéri vers la gare du Père.
Berce-le sur tes rails qui glissent vers les cieux,
Au dessus du Jourdain, au dessus du Calvaire.
Regardez et voyez
Notre frère descendre,
Dans les bras du Grand Saint Pierre
Qui est venu l’attendre.
Voilà, l'auteur aujourd'hui méprisé était aussi capable de ça... La musique est bien sûr sublime...
Kurt Weil, s'en fut ensuite aux États-Unis où il composa d'extraordinaires comédies musicales que peu de gens connaissent en France... Dommage !
Bon, comme il y a une justice, on joue plus Weil que Schmidt sur les scènes du monde entier. On continue en revanche d'oublier que Deval fut son complice, le temps d'un chef d'oeuvre...
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2 commentaires:
Puisque tu aimes toi aussi "Marie-Galante", peut-être saurais-tu où je peux trouver le texte de la pièce de théâtre?
merci.
Cher(e) Dich9
Le texte de "Marie-Galante" a été édité chez Albin Michel en 1931... Je ne pense pas qu'il y ait eu de réédition depuis. C'est donc chez cet éditeur qu'il faut chercher.
La version avec la musique de Weill est éditée par les éditions Heugel.
Il existe une superbe version discographique d'extraits par Willem Breuker, son "Kollektief" et Loes Luca !
Voilà...
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