Houellebecq ou à chaque fois...

Bon, je vais pas vous raconter de conneries, chaque fois qu'il y a un nouveau Houellebecq, j'ai honte. J'ai honte parce que je me dis, "encore un que j'aurai pas lu" et à chaque fois, la liste s'allonge. Mais pourquoi, allez-vous me dire, ne le lisez-vous pas, au moins une fois, fût-ce un vieux, pas forcément le nouveau, et même en diagonale ou en sautant des pages, plutôt que jamais, toujours jamais, insigne tête de lard ? Ah, mais c'est pas simple, croyez-moi ! Je voudrais bien, mais je suis ainsi fait que je manifeste un rejet immédiat et insurmontable dès qu'il s'agit de céder, en matière de littérature, aux sirènes du devoir lire, y a pas plus rétifs que moi aux critiques. Tenez, c'est un peu comme le beaujolpif nouveau. Jamais au grand jamais je n'en bois, qu'il soit, selon l'année, à la mangue, à la banane ou à la fraise tagada. Eh bien, le houellebecq nouveau, c'est du pareil au même ! Le cru 2010 est-il comme toujours à dominante scandale, avec une touche de cul, une note de ragot, un soupçon de saloperie glauque ? De quoi alimenter les conversations. Ça me rappelle étonnamment l'annonce des romans de son regretté collègue Roger Peyrefitte dans les années 70. Et puis de toutes façons dès qu'on cherche à me mettre un truc de force, je dis bien de force, dans le gosier comme dans le cerveau, c'est plus fort que moi, même si c'est délicieux voire sublime, le corps et le cerveau parlent : en brave, en vaillant hystérique, je m'étrangle, je refuse, je perds contrôle, je gerbe sur mes cothurnes. Alors, pour éviter toute éructation frontale et malpolie - je sais me tenir - je m'abstiens.