17 mars, 2008

Larguez les amarres

Nous nous sommes installés dans nos cabines, des cabines avec un hublot un hublot qu'il faut verrouiller la nuit car la Méditerranée, on ne l'imagine pas est violente et sournoise... Oh, nous ne somme pas en première classe, mais pas sur le pont non plus. Sur le quai, pas vraiment une foule, mais du monde. Cent ? deux cents personnes, peut-être. A Haïfa à l'époque c'est comme ça tous les jours. Les bateaux de la Türk Hava Yollary font la navette entre Israël et Istanbul . C'est un peu, tout proportion gardée bien sûr, un petit Exodus tant ici, toute arrivée et tout départ a plus qu'ailleurs un coté fondamentalement dramatique car dans ce pays né du drame, il n'est rien et ce encore aujourd'hui qui ne soit dramatique. Les gens rentrent en Europe après leurs vacances en kibboutz et sur le quai, je vous le jure, comme dans un film ancien, on agite les mouchoirs... Au même moment des émigrés arrivent aussi... juifs d'Europe de l' Est qui ont réussi à passer enfin et légalement le rideau de fer. Un port n'a rien à voir avec un imbécile aéroport.... Un port est un lieu de lenteur. C'est fou ce que les quelques minutes qui font qu'un navire accoste ou se dégage du quai paraissent longues et laissent un souvenir de mélancolie absolue. Et que voulez vous qu'on fasse si ce n'est pleurer ? Or donc, on pleure... les larmes, comme le rire, sont incontrôlables et communicatives.
Le voyage durera deux jours. Escale à Limassol. Deux jours à jouer au rami, à la canasta et à se goberger de baklavas sublimes et de raki. Nous apprenons à mi-chemin la mort de Sharon Tate. Un mois auparavant, la veille de notre départ, nous avons tous vu l'Homme pataud faire du trampoline sur la lune. Nous avons vingt ans à peine, nous sommes en plein mélange... des manuscrits de la Mer Morte à la dernière édition de Paris-Match....
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