22 juillet, 2010

La fin des mythologies familiales

Les mythologies familiales (à ne pas confondre avec les "histoires de famille") existent probablement dans toutes les familles. Elles se construisent sur plusieurs générations selon les besoins et ont la même fonction que toutes les autres mythologies, plus une qui les fait s'en différencier radicalement : la fonction de nuisance. Les mythologies auxquelles s’intéressent les spécialistes de l’anthropologie sociale ne sont pas univoques, et si un mythe est pris en considération, sont contraire l’est tout autant. Le mythe des sociétés primitives n’est pas définitivement formaté, il est évolutif, “in progress comme disent les anglophones. “Le mythe familial” n’a rien à voir avec tout ça. C’est moins un mythe qu’un étiquetage basique, élémentaire, mais aussi intouchable et définitif qui se cache sournoisement sous une narration sommaire, indéformable, irréversible quasi magique dans sa réitération structurelle, qui entend créer l’illusion d’un lien social supplémentaire inaltérable, mais qui relève dès lors plus de la plus fantaisiste épopée que du mythe. L’épopée, contrairement au mythe a une fonction essentiellement valorisante pour le groupe pour le plus souvent des questions de pouvoir, car ce qui valorise le groupe est supposé valoriser l’individu. Foutaise, couillonnade, billevesée... Ce fatras romanesque est une horreur absolue. Car si dans les mythologies au sens anthropologique du terme, les héros ont un nom inventé, dans les mythologies familiales, les personnages sont cités sous leur vrai nom et se trouvent donc complaisamment ou à leur corps défendant souvent investis et pour toute leur vie de caractères, et pire encore, les sujets d’anecdotes pour la plupart fabriquées de toutes pièces, les prétendus témoins n’ayant matériellement pas pu être présents au moment des faits héroïques ou lamentables qu’ils content et racontent... La mythologie familiale qui est le négatif absolu du "secret de famille" son ennemi le plus proche, le plus intime, se nourrit d’elle-même et d'anecdotes incertaines, elle se grave définitivement dans le marbre, comme les épitaphes... Il vaut mieux être vivant pour lutter, je connais des morts dont on cause...
Elle peut être un spectacle interne inépuisable où chacun joue sa partie comme dans une pièce très écrite. Elle peut aussi, et c’est plus grave, être servie aux invités qui devront avoir l’élégance de s’y intéresser et la courtoisie de considérer qu'ils touchent au sommet de l'Olympe quand ils sont en fait et sans le savoir au dîner des Atrides... Je reconnais m’y être complu. C’est fini. Plus jamais.
Voilà ! et comme disait mon père : "enfin moi, ce que j'en dis..."

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Et dire qu'il y en a qui, en cas de coup dur, se réfugient dans leur famille! Le piège se referme... Eh oui, la famille est ce qui nous connaît le moins (les profs le savent et voient comment est réellement, en société, le "gentil garçon") tandis queles parents snt les premiers surpris quand leur môme, si calme et gentil commet un meurtre ou une saloperie...tout ça parce que la fonction familialeprojette et assigne à un rôle définitif...
Ne jamais fréquenter, dans sa famille, quelqu'un qu'on n'aurait pas choisi comme ami!

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