27 juillet, 2010

Daniel ou "dura sex sed sex" !

Daniel était, dans les années 70, un bon pote à moi. C'était un escroc, un escroc au grand coeur et aux petits pieds et qui n'aurait jamais arnaqué plus pauvre que lui. Il vivait, près de la gare sous la grande passerelle dans un appartement entièrement peint en noir avec son copain Jean-Jacques, d'expédients, de leurs corps en cas de besoins. Ils avaient vingt ans et des plumes. L'un était grand et blond, l'autre plus petit et métis d'un invraisemblable, d'un étonnant et beau mélange. Ils avaient outre une générosité et un sens de la solidarité médullaires une intelligence sauvage. Quand ils débarquèrent à Poitiers, ensemble bien qu'ils n'eussent aucune relation de couple, c'étaient des amis d'enfance, d'orphelinat peut-être, ils "prirent rendez-vous" avec les quelques vieux homosexuels un peu fortunés et très connus de la ville et, comme d'honnêtes colporteurs, vinrent chez eux faire quelques démonstrations promotionnelles de leurs matériels intimes. Ils ne forcèrent personne pas plus qu'ils ne profitèrent de quiconque. Ils étaient réglo. En attendant, ils n'avaient pas leur pareil pour se fabriquer dans le but permanent et inévitable de se trouver un nouveau boulot, avec des "letraset" - il n'y avait pas d'ordinateurs domestiques à l'époque - diplômes, lettres de recommandations, feuilles de paye flamboyantes et faux documents en tous genres nécessaires à leur survie. Daniel était le plus habile qui vivait ainsi à crédit, empruntait sans problème aux banques et roulait en cabriolet anglais en se sapant comme un milord, bref, l'arnaque était pour lui un job à temps plein, une ascèse... Jean-Jacques fleur des îles sincère gérontophile fit une fin chez un antiquaire sexagénaire et charentais.

La seule faiblesse de Daniel, très vénielle d'ailleurs si tant est que c'en fut une, c'est pour l'anecdote que, comme certains ont "la grosse tête", il avait, lui, "la grosse teub"... C'était son truc, son sexe. Il en était fier, il l'aimait, il le vantait, lui rendait grâces ! faut dire que c'était quand même un peu le meilleur de son patrimoine, son inépuisable héritage. Certains dans le tout Poitiers homo de l'époque en témoignaient, émus, toutes générations confondues. C'est pour cette raison, en bon maximaliste, en fanfaron du limousin persuadé qu'il était unique, qu'il avait décidé qu'il ne se ferait sodomiser que par quelqu'un qui en aurait une plus grosse... C'était prétentieux, idiot, car risqué quand on quitte son environnement habituel et qu'on est un homme d'honneur, ce qu'il était curieusement à sa manière. Il en convint humblement le jour où revenant de Paris où il avait passé un week-end agité, il m'avoua, encore tout retourné, qu'ayant fait la rencontre décisive autant qu'imprévue, il avait, sans se soucier un instant de ce que c'était à ce moment précis une "première", eh oui ! dura sex ! tenu une parole qui d'ailleurs n'engageait que lui...

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