16 juillet, 2010

Justice ou "on est pas de bois !"

C'était il y a longtemps, dans l'est du Poitou.
Quand le fort brave homme, bon père et bon époux, travailleur et honnête fut au tribunal pour avoir violé une jeune fille, son avocat fit des merveilles. Il construisit sa plaidoirie sur la relation amicale et de bon voisinage pour ne pas dire familiale qu'entretenaient le violeur et sa victime. Il l'avait quasiment vu naître et ils se côtoyaient dans le hameau depuis des années.
- Vous savez, Monsieur le juge, c'était déjà presque une femme même si elle était très jeune, à la campagne c'est pas comme en ville, il y a cette proximité des animaux, n'est-ce pas ? C'était l'été, elle était court vêtue. Je ne dirais pas qu'elle le provoquait, ça non ! mais tout de même, comme on dit, "on est pas de bois !". Et puis, Monsieur le Juge, elle n'a rien dit quand il a abusé d'elle, vous connaissez le proverbe "Qui ne dit mot consent !"
- Mais enfin, maître ! s'offusque quand même le juge, la victime était sourde-muette...
Le violeur, en ces temps bénits ne fit, c'était le tarif, que quelques mois de prison. On considéra dans le village, sitôt qu'il fut rendu, que ce jugement était inique et la jeune fille une fieffée salope. Muette ? ah oui, mais pas pour aller cafter et puis porter plainte.

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