09 juillet, 2008

Communautarismes et scolarité, c'est pas nouveau ! Lisons Antoinette Brenet .

"... le mélange en face duquel je me trouvais dans chacune de mes classes était nécessairement explosif : je voyais s'y côtoyer des juives, des kabyles et des arabes, des européennes "pieds-noirs", et d'autres, filles d'officiers et dont chacune reflétait, le plus souvent avec toute la véhémence de la jeunesse, les croyances, les opinions, les certitudes et les préjugés de ses proches. Dans ce climat, l'enseignement de la littérature latine dans son ensemble prenait un caractère de vie et même parfois de dramatique actualité...
... il y avait pour moi, professionnellement, un écueil à contourner. Il n'était pas question de jeter de l'huile sur le feu et nul n'était plus conscient que moi du danger auquel nous exposait la stricte observance des programmes scolaires dont le respect était, à l'époque, impératif....
... dans ce climat, et avec le sentiment de vivre sur une poudrière, nous étions tenus par exemple d'expliquer en classe français en quatrième le Cid ( que dire du combat contre les Maures ? ), Esther ( n'était-il pas superflu de provoquer un pogrom ou seulement d'en suggérer l'idée ? ), le Bourgeois Gentilhomme ( les turqueries de Molière étaient-elles ou non une insulte à l'Islam ? ), Colomba ( qui pouvait passer pour un incitation à la vendetta )..."

On peut lire ces considérations étonnantes datant des années soixante ( couchées sur le papier en 1995 ) qui semblent étrangement d'actualité dans un livre remarquable d' Antoinette Brenet qui raconte non seulement ses débuts de professeur, jeune agrégée de lettres, dans l'Algérie pré-indépendante de 1958 ( elle assiste sans l'entendre au "Je vous ai compris" du Général qu'elle n'entendra que le lendemain rediffusé à la radio... ) mais aussi et surtout comment, en tant qu' archéologue et collaboratrice d' André Berthier, elle a avec lui définitivement localisé le site longtemps controversé de la bataille d'Alésia. Ça se lit comme un roman d'aventure et même si c'est un ouvrage sérieux, d'érudite, c'est aussi truffé de réflexions et de drôleries plus étonnantes et savoureuses les unes que les autres sur les idées toutes faites, les concepts immarcescibles bien que visiblement erronés et les résistances du mandarinat. Comme certains ont "l'oeil qui frise", Antoinette Brenet a le cerveau qui pétille... Normal, elle est champenoise !

Ça s'appelle
" LES ESCARGOTS DE LA MULUCCHA "
ou
La très véridique histoire de la découverte d'Alésia...
et de ce qui s'ensuivit

C'est édité par
l' INSTITUT VITRUVE
123 rue du Ranelagh
75016 Paris

mieux que n'importe quel livre XO pour l' été,
à lire à l'ombre ou sur la plage !


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