19 février, 2008

Robbe-Grillet encore.

J'écoute cet après-midi une rediffusion d'une intervioue de Robbe-Grillet, datant d' il y a deux ou trois ans. Mais c'est, contre toute attente, qu'il était très drôle ! Bon, il lui arrive dans son flot de parole, (il reconnaît sans problème sa tendance à la logorrhée) de se planter dans les citations, mais ce n'est pas bien grave. C'est ainsi qu'il attribue à Maurras un aphorisme de Stendhal à propos des régimes politiques. "Le meilleur des régimes, c'est la monarchie absolue tempérée par le régicide " Or c'est bien Stendhal qui a écrit «Le meilleur régime politique est la monarchie absolue tempérée par l’assassinat".
Même si le fait d'établir un lien entre la perversion et la subversion n'est pas vraiment nouveau, il le fait d'une manière très fine et particulièrement rigolote et la façon dont il parle du droit au fantasme et de son exploitation artistique particulièrement séduisante. Bon, là aussi il se plante un peu lorsqu'il affirme que les pédophiles hétéros ne sont que des hommes qui s'intéressent aux petites filles (non, il y a aussi des femmes qui s'intéressent aux garçonnets) et leurs collègues homos qu'aux petits garçons (il est probable, même si on n'en parle pas plus que des femmes hétéro pédophiles, qu'il y a des lesbiennes qui s'intéressent aux petites filles...). Car les femmes, selon sa "stratégie érotique", ne peuvent être que victimes... et c'est là qu'on se rend compte que son statut d'expert érotomane est un peu à revoir...
Mais cela dit, pas besoin de glossaire pour le comprendre, l'humour à chaque instant et constamment renouvelé. Son portrait de Sartre est particulièrement savoureux, car sympathique et vachard à la fois. La manière dont il raconte son arrivée à l' Académie Française est, par son comportement radical vis à vis de Carrère d'Encausse qui n'a rien compris à rien et pourtant "le veut" à tout prix, (il raconte comment elle tenta de lui faire essayer des "habits" retouchés d'académiciens disparus...) particulièrement jubilatoire. Je pense qu'il était plus drôle de l'avoir à sa table que dans sa bibliothèque.
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