19 février, 2008

Entièrement nue ou un petit ruban (un noeud ?) autour du cou et les mules aux pieds.











Pourquoi l'Olympia de Manet a-t-elle fait scandale en France quand la Maja Desnuda de Goya n'en fit point soixante ans avant, en Espagne ? On peut imaginer qu'à l'époque de Manet on se souciait de Goya comme d'une guigne... On nous dit que l' Olympia est effrontée qui fixe le spectateur. Mais la Maja aussi... On nous dit qu'elle a la main sur le sexe... Et alors ? elle le cache tandis que la Maja, surtout occupée à se remonter les seins, ne cache pas le sien... La question de L'Olympia de Manet se réduit en fait à une problématique fétichiste. Si elle a fait scandale, ce n'est pas en raison de sa nudité élémentaire, de son air allumeur et canaille, du bouquet de fleur qu'une "négresse" lui apporterait comme à une femme entretenue, ou en raison de la présence de ce chat ou de "cette chatte" symbolique, mais tout simplement parce qu'elle n'est pas entièrement nue. Le diable, chacun sait est dans le détail, et le scandale vient de ce petit lacet de velours noir qu'elle a autour du cou, de ce bracelet au dessus du poignet droit, de la fleur à l'oreille (alors que selon la tradition des Îles, la fleur à l'oreille gauche signifie que le "coeur est déjà pris"...) et surtout, surtout de ces mules qu'elle porte nonchalamment aux pieds... (Ca me rappelle qu'une copine à moi, prostituée provinciale, me disait que par sécurité elle ne quittait jamais ses chaussures quand nombre de ses clients pensaient que c'était pour eux qu'elle les gardait...). Ce qui choque à l'époque réside, non dans la nudité du sujet, mais dans des objets qui la "limitent"... Le fétichisme, définit des limites. Le fétichisme n'est que contrainte... C'est pourquoi, il côtoie parfois l' art. Cela peut-être la présence d'hommes vêtus assis sans gêne aucune à coté d'une femme nue (les "déjeuner sur l'herbe") ou d'objets domestiques de parure ou de confort. C'est pourquoi, que ce soit prémédité ou non, Goya a tout compris. La Maja desnuda exhibe un sexe plutôt glabre et non compromettant. Mais contrairement à toute logique morale c'est la Maja vestida qui, toute habillée qu'elle est, attire l'attention par une ombre portée sur son vêtement juste à l'endroit où son clone dévêtu n'en montre aucune... Du grand art dans la subversion... Mais il lui a fallu, et pourquoi pas, deux tableaux... Pour ce qui est de mettre en valeur par l'application d'une ombre marquée la toison pubienne sur le tableau où elle est habillée, cela confine au génie absolu...

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