13 mars, 2011

Consuelo, Antoine et le Petit Prince...



J'ai, dans une vie antérieure et désormais lointaine, vendu des disques chez le disquaire, à l'époque, le plus chic de Paris. On y avait comme clients une baronne qui venait en voisine et en robe de chambre le matin sur les onze heures passant directement de la Rolls garée sur le trottoir dans le magasin pour acheter du Sheila, un couturier célèbre et très "collet monté" qui, ayant un jour renversé une bouteille de sirop pour la toux dans l'échoppe, revint le lendemain offrir à la disquaire et à son assistante deux énormes flacons de son tout nouveau parfum, la mère d'un célèbre chanteur de variétés qui venait s'informer des ventes de son fils, il y avait monsieur R. couturier lui aussi mais aux cheveux mauve-rombière qui ne s'était jamais remis de ce qu'une cantatrice en vue eût cessé de lui commander ses robes de scène sans lui dire pourquoi et qui me trouvait "très costaud"... un client qui n'achetait que des disques de chez Deutsche-Grammophon parce que le jaune et le gris mythiques de cette marque étaient assortis aux rideaux de son salon... Il y avait toutes les stars françaises du classique qui passaient comme ça, en amis, bref, rien que du "beau monde".

Et il y avait Consuelo de Saint-Exupéry, dame remarquable (c'était quelques années avant sa mort) qui avait fait copine avec la disquaire. Elle racontait dans la boutique avec cet accent incomparable dont on se régale sur ce film, comment son bel Antoine lui avait dit en substance, "Le Petit Prince" ce sera l'enfant que nous n'a(b)ons pas eu..." Un enfant qu'elle choyait particulièrement et qui le lui rendait bien.

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