28 juin, 2009

de l'Angleterre dans mon assiette et quelques souvenirs en sauce

Bon, je vais être clair. Si l'on veut me limoger, me faire peler d'ennui et mourir de chagrin, il faut m'exiler froidement en Angleterre. L' Angleterre est le dernier endroit au monde où je voudrais vivre. Je vais pas vous expliquer, car à la limite je préfère vous dire les raisons pour lesquelles a contrario, je vivrais très volontiers en Allemagne, par exemple...

Bref, j'ai néanmoins gardé de courts et obligatoires séjours outre-manche un ou deux souvenirs gustatifs loin d'être déplaisants. C'est pourquoi l'autre jour je tombe en arrêt au rayon exotique de Carrefour, à coté d'un pot de Lemon Curd dont je me fais à l'occasion (fût-ce contraire à l'usage) de vastes et voluptueuses tartines, sur un pot de Classical Mint Sauce. Gardant le souvenir d'un plat de mouton que nous avait concocté à Londres notre ami Newton, il y a fort longtemps, j'achetai le pot sans hésitation. Ok, pas moyen de trouver le moindre morceau de mouton à Carrefour, c'est pas grave, les boucheries hallal ne manquent pas dans le coin. C'est ainsi que dès le lendemain je me mets en tête de tester la dite sauce. Je fais cuire la barbaque au four, résistant sans problème à l'idée culturellement correcte de la bouillir... Je fais aussi des haricots verts surgelés et enfin, une fois à table avec mon camarade qui en bon américain en a vu d'autres et de sévères, nous testons... Ah ! mais, ça n'a rien à voir avec mon souvenir... Il s'agit d'une sorte de chutney de luzerne au vinaigre, la menthe à l'état de trace, rien en commun avec le délice que nous avait servi Newton...
Mais aussitôt je comprends...Newton était francophile et faisait sa sauce avec de la menthe provençale dont il avait d'une manière syncrétique fait une sorte de confiture, délicieuse, mémorable à défaut d'être orthodoxe, c'est à dire anglicane...

Maintenant, et c'est de lui au bout du compte que je voulais vous parler, Newton était un type vachement bien. C'est vrai, il avait une allure de bobby londonien, même si, vous vous en doutez, ça n'avait rien à voir. Pure produit de Eton College puis de Cambridge, il avait été Page du Prince de Galles avec rang de colonel puis dans la garde de la Reine Mère (gay friendly s'il en fut) et pantouflait alors lorsque nous le connûmes dans les assurances à un très haut niveau. Son goût pour les garçons et les garçons français en particulier lui avait fait apprendre leur langue et apprécier leur cuisine. Il était drôle car en dépit ou en raison de ses origines, totalement incorrect malgré les apparences... Il habitait une ravissante maison avec un pronaos et un jardin charmant dans un quartier très chic. Sa Peugeot haut de gamme était immatriculée de ses initiales... c'était la mode à l'époque... Et dans ses toilettes étaient soigneusement accrochés d'une année l'autre les voeux de toute la famille royale...

Nous eûmes un chat remarquable qu'avec son accord nous avions baptisé de son nom... Certaine(s), j'imagine, se souviennent encore de lui...

3 commentaires:

Anonyme a dit…

ah! la sauce à la menthe! Fleuron de la cuisine médiévale française que les anglais adoptèrent il y a des siècles... Il faut la faire soi-même!
Le mouton doit être bouilli! Pure merveille: le pot au feu de mouton, pot au feu provençal dont parlait Escoffier... Avec les légumes de Provence! certes il faut le faire à l'avance, le laisser refroidir, le dégraisser Quelle succulence!
Il y a aussi le hochepot, mais là, ça se complique...

hors landau

zoun a dit…

Newton, ce greffier vorace?
Bises

P. P. Lemoqeur a dit…

Mais oui, vous êtes la "certaine", vous qui l'avez bien connu !
Bises

Site counter

Archives du blog