21 novembre, 2013

Le djembé, une bien triste histoire...

Le djembé est un avatar de nombreux tambours d'Afrique centrale et de l'ouest, en particulier du tambour malinké.
Comme la plupart des instruments africains, le tambour, quel qu'il soit, a une fonction, magique, sociale, et de communication, il a bien entendu une âme . "Le tambour parle". Le son pur étant étranger aux goûts africains, on adjoint à l'instrument des sonnailles, clochettes, cauries, morceaux de boites de conserves et tout ce qui peut brinquebaler, le parasiter, au moindre coup porté sur la peau, la question d'un projet artistique au sens occidental du terme étant des plus subsidiaires.

Seulement, dans la foulée de la décolonisation, les nouveaux chefs d'état africains ont décidé de créer à usage de l'étranger une pseudo culture africaine globalisante et illusoire dont ils confièrent la réalisation à des troupes de danse largement subventionnées . Il était hors de question à l'époque de produire sur scène des " objets de pouvoirs sacrés" pour des raisons évidentes de croyance, mais aussi par peur d'effrayer les oreilles du public occidental. C'était dans les années 60 et l'on fit un emblème d'un tambour simple qui existait déjà, robuste facile à fabriquer, le djembé . Le djembé était, en raison justement de sa pureté sonore voulue, voué dès son origine aux polyrythmies les plus sophistiquées, c'était sa seule vocation et réelle qualité, encore faut-il, pour le mettre en valeur, maitriser la polyrythmie...

Hélas, aujourd'hui, le djembé est utilisé en France dans de multiples ateliers associatifs, voire certaines écoles de musique en mal de modernité un peu comme un instrument d'ergothérapie juste bon à latéraliser les débutants , par l'exercice d'une monorythmie poussive et affligeante...

Pauvre Djembé, profané par des mains inexpertes qui te musèlent quand tu devrais comme disait le célèbre ethno--musicologue, créateur de la superbe collection Ocora, Gilbert Rouget : "Parler"...
raconter ces histoires que seuls les griots savent, et les sorciers aussi...

2 commentaires:

CHROUM-BADABAN a dit…

La darbouka n'est guère mieux traitée : l'atelier percussion de mon lieu de travail (handicap) n'est pas triste, la darbouka frise en permanence, allégrement (et dans la joie !) le degrés zéro de la musique !
Mais c'est parait-il un atelier thérapeutique !
Moi, quitte à produire de la musique, je préfère de loin les clous et le marteau ... les raclements de chaises sur le parquet ... les robinetteries qui brelottent ...

P. P. Lemoqeur a dit…

bien d'accord... C'est par ailleurs considérer que puisque ce sont des instruments de nègres et de bougnoules, des handicapés doivent pouvoir s'en servir...

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