Certains et j'en connais parmi ceux et celles qui me lisent, se souviennent de La Vieille Trousse. La Vieille Trousse était à la fin des années soixante-dix un restaurant sis entre le 2 et le 20 du Boulevard Saint Germain, peut-être au 16 ou au 18. On y mangeait pour trois-francs-dix-sous une cuisine d'inspiration grecque et fort roborative. On y buvait un Côtes du Rhône qui n'avait d'équivalent dans la violence que celui de la cantine du Conservatoire Rachmaninov...l'intérêt de la maison résidait surtout dans l'accueil et l'ambiance. Le personnel homo-foldingue vous recevait , que vous soyez homme ou femme, homo ou hétéro-pas de quartier- en vous maltraitant de l'humour homo-vachard tel qu'il se pratiquait à l'époque. Tout ça, même un peu convenu, était très drôle... On avait aussi droit à ces accès de mauvais goût qui faisaient la réputation de l'endroit. Quand vous sortiez des toilettes après avoir tiré la chasse, toutes les lumières de la salle clignotaient au son de la Cucaracha... Si, craignant la publicité, vous ne l'aviez pas tirée, c'était pire : un silence glacial vous attendait en sortant suivi en éclats des quolibets généralisés... On vous proposait en dessert la grande et classieuse invention maison : un parfait au café couronné d'une évocatrice coulée de chantilly, cerné de deux boules de votre choix qui était forcément commenté en direct... Au moment de partir, le pourboire que vous aviez laissé rejoignait au beau milieu de la salle une gigantesque culotte toute en soie et dentelles qui pendait du plafond, aux cris du personnel : "merci pour la culotte" suivi d'un rituel et efficace : "Vous avez payé ? vous pouvez dégager ! "... La soirée se terminait souvent pour les plus assidus par une distribution obligée de mousseux par une sorte d'extincteur et pour le plus grand bonheur du public de tous les sexes, par des strip-teases totalement impromptus de mecs sur les tables à peine desservies...
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2 commentaires:
Et oui, que de souvenirs ! Tout ce qui est raconté là est authentique. J'ai fréquenté ce restau à partir de septembre 69, pendant une vingtaine d'années. A la fin des années 80, on rencontrait souvent une deuxième génération.
Mais, que sont devenus ces joyeux artistes - car à ce stade, ce n'étaient plus des serveurs.
Je crois que le propriétaire s'est installé sur l'Ile de la cité, près de chez Bertillon. Mais quelqu'un a-t-il la trace de José et de Gillou??
Déjà au début des années 80 l'un des serveurs, le plus emblématique ( j'ai oublié son nom) quitta les lieux pour aller ouvrir boutique ailleurs dans XV ème, et puis le Marais "explosant" il y eut un "transfert de population et d'activités " de la périphérie (Rue Sainte Anne et le Bvd Saint Germain avec le Manhattan ) vers le ghetto qu'on sait...
Et puis honnêtement, hélas, n'oublie pas que depuis, "la bête" a fait son œuvre... C'est aussi un peu pour ça que je posai la question de savoir qui se souvenait? Je ne te connais pas ( et encore who knows...) mais je me réjouis de te lire...
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