23 mars, 2012

Histoire vraie de la campagne, côté vallée de la Vienne. (chronique poitevine)

Ma sœur qui la vécut la raconte bien mieux en patoisant à souhait.
Je vous la sers telle quelle, en en oubliant, en en ajoutant, comme je peux en me rappelant la manière mille fois plus savoureuse dont elle la raconte.
Ça se passe vers 1968...pas au moyen-âge dans un village de cent habitants hameaux compris...
La "Gargane" (ici personne n'a de nom autre que son surnom, la plupart du temps savoureux et fort bien trouvé.) sexagénaire tordu, vicelard et malfaisant précipite un matin pour s'en débarrasser sa chienne de mère octogénaire (c'est pas une raison...) dans l'escalier de la cave. Il remonte, crie au secours : les voisins accourent.
Au pied de l'escalier près des barriques devant la vieille recroquevillée comme une blatte desséchée dans sa robe et son sarrau noir :
- ben, a buffe plus !
- pour sûr, qu'a buffe plus, a l' est cuervée !
- I' avait pourtant dit pas descendre toute seule !
- ben oui, olé de même avec les vieux... on peut rein leur dire !

Pas de preuve, l'omerta n'est pas que corse. "Accident domestique, rupture des cervicales dues à une chute " dit le toubib qu'en a vu d'autres et qui devrait passer son temps à refuser les permis d'inhumer au risque d'y sacrifier son carnet à souche .

Faut faire la toilette de la morte.
On lui met les affûtiaux qu'elle a utilisés pour en enterrer une autre plus vieille encore y a pas un mois.
Lui, le fils, qui l'a un peu poussée, allez savoir pourquoi, il veut lui mettre ses chaussures, à tout prix ! Elles veulent pas entrer, rigidité cadavérique, il force il veut pas l'enterrer pieds nus question d'honneur ou de fétichisme, allez savoir...
- Est- t(o)u que tu veux l'emmener au bal ? dit la voisine qui sait tout et qui se marre en douce...

Je ne fais que retranscrire comme je peux un pan d'anthropologie rurale dont ma sœur ainée est l'un des derniers témoins crédibles et savoureux

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