23 mars, 2012

Histoire de tiroir

Comme tous les matins elle s'assit devant sa coiffeuse pour que sa camériste défit ses rouleaux et peignit, les démêlant, ses longs cheveux gris perle qui furent si longtemps blonds.
Elle ouvrit le large et profond tiroir du meuble en bois de rose pour en extraire les ustensiles, le peigne inépuisable en corne watusi, et la brosse au manche d'argent repoussé que depuis sa grand mère on regarnissait régulièrement d'une nouvelle et souple toison.

Sa surprise fut énorme.
Non seulement le tiroir était vide, mais il n'avait plus de fond.
Elle voyait en revanche émergeant d'une robe blanche comme celle de son mariage, ses cuisses de jeune fille, douces, rondes, si soyeuses et, habile malgré l'heure matinale, la main du garçon d'honneur qui, s'étant acquitté de son prix, venait cueillir, la dégrafant expert, la jarretière de soie rouge à peine mise à l'encan et qui lui revenait...


© PPLM 20/02/12

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