Cet après midi, après quelques heures délicieuses passées chez nos amies T. et A. je vais du coté de la rue Sainte-Anne nous approvisionner en thé vert japonais avant qu'il n'y en ait plus du tout... J'en trouve à un prix décent dans une boutique coréenne, le même que je trouverai quelques minutes plus tard exactement deux fois plus cher dans un nouveau magasin branchouille japonais dont je tairai le nom. J'achète aussi de la pâte de haricot, c'est délicieux.
Et puis je me dirige vers les halles, histoire de faire au passage (!) des photos du Passage Verot-Dodat. Je sais pas pourquoi, j'y vais toujours le dimanche, et le dimanche qui sait pourquoi, c'est fermé. Et comme c'est à deux pas, j'entre dans la Bourse de Commerce pour photographier la fresque du sublime Evariste-Vital Luminais, "Les États-Unis", soit quand même, un bon cinquième de la coupole. Je m'apprête à faire ma photo quand surgit un vigile qui me dit que c'est interdit. Je lui demande pourquoi ce serait interdit de photographier l'intérieur d'un édifice public qui n'est quand même pas classé secret défense. Il me répond, ce qui est pas écartable, comme on dit dans le Poitou, que c'est interdit "parce que c'est écrit à l'entrée..." et que si je suis entré, c'est parce que lui est ses potes ont la gentillesse de laisser entrer les gens, je le remercie de sa mansuétude mais avec un autre mot. Ça devient intéressant. Je lui demande à qui il faut s'adresser pour faire des photos. Il sait pas, mais de toute façon, pourquoi, me dit-il, chercher à savoir puisque c'est interdit, ça tombe sous le sens. C'est un rebeu français, pas du genre carencé dans son costume noir-chemise blanche-cravate noire, parfaitement "intégré" comme on dit chez Guéant même pour les rebeux nés français, puisqu'il réussit à être aussi con-borné qu'un français né français pur porc. J'interroge alors une hôtesse d'accueil qui ne peut pas mieux me renseigner. Je leur demande, à l'un et à l'autre, qui est leur patron. Une boite d'intérim pour l'un une autre pour l'autre... Bon... Je vais pas m'énerver. J'alpague une executive woman en transit qui semble bien connaître l'endroit mais qui au bout de cinq minutes me dit que finalement elle n'en sait rien, pas plus que le petit personnel, ce qui, vu ma tronche et le fait que je le lui fais remarquer, la mortifie un poil.
Celui qui sait comment faire des photos intérieures de la coupole de la Bourse de Commerce de Paris sans être emmerdé, qu'il soit gentil, qu'il me rencarde, je lui paye un coup au Père Tranquille ...
A la suite de ce cruel mais provisoire échec (je trouverai le moyen de les faire, ces photos !) je me dirige vers Saint-Eustache, histoire de faire ma prière. Impossible d'entrer : flics en nombre, limousines ministérielles et corbillard haut de gamme. Je suis rembarré devant la porte par un octogénaire en costume sombre mi-curé mi-bedeau qui me dit des sanglots dans la voix qu'on enterre David Servan-Schreiber. Je m'en tape, certes, mais je m'étonne ! J'étais persuadé que les Servan-Schreiber étaient juifs. Non-non, me dit le brave homme comme s'il voulait se rassurer, qu'ils ne se seraient pas trompés de boutique à psychopompe, tapé l'incruste et qu'on ne serait pas en train d'obséquer à l'église un déicide à l'insu de son plein gré, ils sont normands de souche ! Pas de lézard, on est ce qu'on veut, on est ce qu'on peut, pas de honte à être cathos. Mais sitôt rentré, je vérifie : comme les Mendelssohn (oui, la famille du génial Felix et de sa sœur Fanny), les Schreiber furent il y a très longtemps juifs allemands de Prusse, convertis et, en ce qui les concerne, devenus français par la suite. On a donc raison et tort tous les deux...
Alors je rentre vers la gare de l'est. Arrêt passage Brady pour faire provision de lentilles corail, d' haricots lingots-cocos, de sel rose, de curry, de douceurs fort diverses et tout autant indiennes.
Il me fallait bien ça pour remettre mes chakras en place et d'aplomb ma kundalini ...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire