10 novembre, 2008

La Veillée du Poilu

Ce soir à vingt-heures trente c'était la "Veillée du Poilu". La "Veillée du Poilu" est un jamboree municipal réunissant la nuit venue devant un monument aux morts, au moins vingt-cinq personnes y compris l' Harmonie Fanfare et son président (c'est moi !). Que ce soit bien clair, moi, le poilu, son souvenir, je respecte ! Trois conseillers municipaux sont là, habillés chaudement au cas où. Il y a aussi aujourd'hui un jeune officier d'active de petite taille certes mais au physique avantageux, six anciens combattants d'Algérie, le béret sur l'oreille, la hampe du drapeau à la hanche qui attendent (ceux de 39/45, sont désormais, soit couchés dans la terre soit déjà dans leur lit). La fanfare ne joue pas très bien car les vents sont contraires, des vents qui emballent et font défiler les nuages en un écran diaphane devant une lune montante et incertaine qui donne à cette cérémonie nocturne, intemporelle, un peu de magie bizarre, crépusculaire, "druidique de proximité"... Le Président du Souvenir Français fait son petit discours mais auparavant, il a distribué, un peu comme le prêtre à la messe, trois textes à lire pendant la cérémonie. Je me lance, il a pas le temps de dire ouf, je prends le dernier... Et là j'ai un choc ! Après l'avoir parcouru, je m'aperçois qu'il est signé Jean-Pierre Guéno...(tiens, au fait, j'ai pas entendu dire qu'il était Ministre des Anciens Combattants). Trop tard pour reculer. PPlemoqueur interprète de Jean-Pierre Guéno, il n'y a qu'ici à pareille heure qu'on peut voir et entendre ça. Bon, c'est pas honteux ce qu'il écrit. Sauf que sur la forme y a à redire, car il commence le premier paragraphe sur le mode imprécato-incantatoire (Vous étiez huit millions de mobilisés !) s'adressant aux soldats, façon "Entre ici Jean Moulin !" pour dès le second revenir à la classique et, honnêtement, besogneuse narration... Écrire finalement même quand c'est le vôtre, ça reste un métier... Mais c'est sur la fin qu'il se surpasse rappelant à grand renfort d'asyndètes, ce qui toutefois n'est pas idiot, les effets collatéraux de la "Grande".
"Et lorsque par chance les femmes retrouvèrent leur maris, les mères leurs fils, les filles leur pères, les choses ne furent pas forcément plus reluisantes. Elles durent choyer six cent mille invalides de guerre dont soixante mille amputés. Les trois millions d'hommes blessés recensés dans les statistiques, n' incluaient pas les blessures psychiques et morales : celles qui firent parmi vous ( tiens, ils s'adresse à eux de nouveau...) - poilus, mères, veuves femmes, enfants de poilus - des centaines de milliers de dépressifs, d'alcooliques de polytraumatisé de la guerre et de ses cauchemars... " Fin....

Alors pour ne pas les décevoir, je la leur ai faite "Comédie Française", manière d'avant Vitez.... Sauf que je me suis permis un changement... j'ai remplacé le bien vulgaire "plus reluisantes" par un "plus glorieuses" qui m' est d'instinct venu aux lèvres ... Désolé Monsieur le Conseiller pour le replâtrage... Je ne le ferai plus... Car désormais je n'attendrai pas d'avoir fini de lire un texte, fût-ce en diagonale, pour savoir qu'il l'a si mal torché, je vérifierai d'emblée par la fin...

Heureusement, il y a ensuite à la Mairie une belle exposition sur la der des der. On y voit des photos, des textes, des journaux d'époque, des armes, des casques, des fringues et des objets...Bref, tout l'attirail du tueur métallique. Bien sûr, les traditionnels vases faits dans les douilles d'obus en cuivre repoussé, un tas de petits objets portatifs, gris-gris divers dont une étonnante "chapelle de poche" travaillée dans une cartouche de balle façon gothique et abritant une vierge de quelques millimètres de haut dans sa tueuse ogive. Une superbe pendule de style monumental faite de deux obus tronqués et dont le balancier est une série de six balles de plomb non tirées soudées en mitre par leurs douilles les unes aux autres, une merveille, un chef d'oeuvre d'art populaire... comment peut-on avoir un tel projet en vivant de tels événements ?
Et puis, et puis un panneau entier consacré... aux artistes, écrivains, poètes qui la firent... d'Apollinaire à Alain Fournier sans oublier Céline, en passant par tous les autres, pas un ne manque sauf les allemands... Jünger, connaît pas ! Ok faut pas exagérer non plus...
Vous voyez bien que je ne fais pas rien que me plaindre ! Peut-on se plaindre quand on voit comment certains, fût-ce il y a 90 ans, en ont chié... buvant leur pisse, pissant des larmes et pleurant du sang.

C'était le quart d'heure citoyen de PPlemoqueur !
.

3 commentaires:

Claudius a dit…

Je l'ai lu debout et les larmes z'aux z'yeux

P. P. Lemoqeur a dit…

Ben oui...
Je respecte rien,
sauf ce que je trouve,
personnellement,
pour ma part,
quand à moi,
respectable...
et puis , se souvenir de ceux qui en ont chié autrefois, c'est ne pas oublier ceux qui en chient aujourd'hui...

Anonyme a dit…

ou est ne jean pierre gueno

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