Un peu de musique, ce soir.
J'ai longtemps été rétif à l'exercice musical de la transcription. Je ne le suis plus, plus du tout.
L’histoire de la transcription est une vieille histoire et l’on pratiquait la chose avant même qu’on lui donne un nom car pendant fort longtemps et sans doute même avant qu’on mit au point un système efficace de notation, on joua la musique avec les instruments qu’on avait sous la main. Autant dire qu’il devait exister autant de versions d’une oeuvre qu’il y avait de musiciens à la jouer. C’est quand on décida que la plaisanterie avait assez duré qu’on inventa la nomenclature et par la même occasion, comme chaque fois qu’on instaure une contrainte, sa transgression : la très souvent controversée transcription. Il faut dire pour corser un peu le débat que le terme désigne une pratique qui va (entre autres) des transcriptions par Bach d’œuvres de Vivaldi à certains contemporains adaptant pour grand-orgue Chevauchée des Walkyries, Apprenti Sorcier ou Marche de l’ Amour des Trois Oranges, quand ce ne sont pas de funambulesques et musicales coquecigrues. Mais limiter le propos aux simples excès qui ont au demeurant tout à fait le droit d’exister et sont souvent réussis, serait bien réducteur. Il semble toutefois, même si la chose n’est jamais expressément dite, que devant ce droit imprescriptible qui autorise quiconque à faire ce qu’il veut de la musique des autres dès qu’elle est dans le domaine public tous les musiciens ne soient pas égaux ; en effet le pianiste qui joue des œuvres pour clavecin réalise de fait une transcription même s’il ne touche pas au texte musical, et personne n’osera lui faire le moindre procès fût-il d’intention. Des baroqueux qui bricolent n’importe quoi du répertoire auraient le droit de le faire au nom de leur “immunité baroquistique” et sous prétexte qu’ils jouent sur des instruments anciens-non tempérés-à 415... En revanche, un accordéoniste ou un saxophoniste qui s’intéresse de trop près à Bach se verra souvent considéré, au choix avec amusement, ou avec mépris. On aurait donc le droit de transcrire n’importe quoi mais pas avec ou pour n’importe qui... L’excuse de l’anachronisme est à écarter d’emblée si ce n’est au risque de ne pas trouver plus de (bonnes) raisons de jouer Bach au piano qu’il y en aurait à le jouer à l’accordéon ou au marimba, sauf si... sauf s’il y avait des instruments dignes et d’autres qui ne le seraient pas. Et c’est sans doute là que se trouve le fond du problème, qu’on le dise ou non. Heureusement, il existe des musiciens, des musiciennes aussi... qui ont une nette propension à ne pas penser comme tout le monde et imaginent ce genre de rencontre, non comme on pourrait l’imaginer dans le but de s’encanailler, par provocation, ou en raison d’une rédhibitoire inculture... mais tout simplement parce qu’ils savent au contraire qu’il y a mille choses à découvrir et toujours un peu plus d’intelligence musicale à glaner en allant voir ou plutôt entendre ce qui se fait ailleurs, pas forcément au bout du monde, mais peut être dans d’autres mondes très proches, à portée d’oreilles en quelque sorte...
J'ai longtemps été rétif à l'exercice musical de la transcription. Je ne le suis plus, plus du tout.
L’histoire de la transcription est une vieille histoire et l’on pratiquait la chose avant même qu’on lui donne un nom car pendant fort longtemps et sans doute même avant qu’on mit au point un système efficace de notation, on joua la musique avec les instruments qu’on avait sous la main. Autant dire qu’il devait exister autant de versions d’une oeuvre qu’il y avait de musiciens à la jouer. C’est quand on décida que la plaisanterie avait assez duré qu’on inventa la nomenclature et par la même occasion, comme chaque fois qu’on instaure une contrainte, sa transgression : la très souvent controversée transcription. Il faut dire pour corser un peu le débat que le terme désigne une pratique qui va (entre autres) des transcriptions par Bach d’œuvres de Vivaldi à certains contemporains adaptant pour grand-orgue Chevauchée des Walkyries, Apprenti Sorcier ou Marche de l’ Amour des Trois Oranges, quand ce ne sont pas de funambulesques et musicales coquecigrues. Mais limiter le propos aux simples excès qui ont au demeurant tout à fait le droit d’exister et sont souvent réussis, serait bien réducteur. Il semble toutefois, même si la chose n’est jamais expressément dite, que devant ce droit imprescriptible qui autorise quiconque à faire ce qu’il veut de la musique des autres dès qu’elle est dans le domaine public tous les musiciens ne soient pas égaux ; en effet le pianiste qui joue des œuvres pour clavecin réalise de fait une transcription même s’il ne touche pas au texte musical, et personne n’osera lui faire le moindre procès fût-il d’intention. Des baroqueux qui bricolent n’importe quoi du répertoire auraient le droit de le faire au nom de leur “immunité baroquistique” et sous prétexte qu’ils jouent sur des instruments anciens-non tempérés-à 415... En revanche, un accordéoniste ou un saxophoniste qui s’intéresse de trop près à Bach se verra souvent considéré, au choix avec amusement, ou avec mépris. On aurait donc le droit de transcrire n’importe quoi mais pas avec ou pour n’importe qui... L’excuse de l’anachronisme est à écarter d’emblée si ce n’est au risque de ne pas trouver plus de (bonnes) raisons de jouer Bach au piano qu’il y en aurait à le jouer à l’accordéon ou au marimba, sauf si... sauf s’il y avait des instruments dignes et d’autres qui ne le seraient pas. Et c’est sans doute là que se trouve le fond du problème, qu’on le dise ou non. Heureusement, il existe des musiciens, des musiciennes aussi... qui ont une nette propension à ne pas penser comme tout le monde et imaginent ce genre de rencontre, non comme on pourrait l’imaginer dans le but de s’encanailler, par provocation, ou en raison d’une rédhibitoire inculture... mais tout simplement parce qu’ils savent au contraire qu’il y a mille choses à découvrir et toujours un peu plus d’intelligence musicale à glaner en allant voir ou plutôt entendre ce qui se fait ailleurs, pas forcément au bout du monde, mais peut être dans d’autres mondes très proches, à portée d’oreilles en quelque sorte...
2 commentaires:
J'aime quand vous causez musique. Le snobisme du musicien est distillé très subtilement à longueur de conservatoire, je me rappelle la tronche méprisante de ma prof de violon quand j'y avais causé de Grapelli ....
Confidence, Marie-Laetitia, je suis musicien... C'est peut-être pour ça que je peux en causer un peu, techniquement au moins...
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