Ce qui est bien dans le train c'est qu'on peut accroître son vocabulaire.
Avant hier,dans le train donc, j'entends (comment faire autrement) une "téou" discuter au téléphone avec un pote. A la fin de la conversation, elle lui dit : "ok, je te capte demain, bye ".
Sur le coup, je pige pas...
Mais c'est bien sûr !
Sur le coup, je pige pas...
Mais c'est bien sûr !
C'est ce qu'on pourrait appeler un "glissement sémantique par défaut". En effet, l'un des grands problèmes du portable (au point qu'une pub actuelle prétend faire constater par huissier l'étendue de l'efficacité d'un réseau) , c'est de combattre le fait qu'on ne "capte" pas, ou mal... C'est ainsi que le mot "capter" devient de fait, par opposition à une caractéristique négative du portable, synonyme d'"appeler", acte positif et naturel pour toute personne qui n'est ni sourde ni muette, avec ou sans portable... C'est aussi, paradoxalement, un dispositif en miroir, car contrairement à la logique qui voudrait que celui qui "capte" soit celui qui reçoit l'appel, c'est inversement le fait de celui qui l'émet (puisqu'il ne peut y avoir de captation sans émission préalable)... Par ailleurs, l'utilisation détournée de ce mot prend aussi en compte et ce d'une manière inconsciente, voire pour la conjurer, la possibilité de l'échec technique...
Dans la "Voix Humaine" de Cocteau, premier "drame téléphonique" de l'histoire du théâtre, la "coupure", soit l'echec de la captation, fait partie de l'action, c'est même la seule t unique action...Si la femme délaissée, unique personnage, cherche elle aussi à "capter" quelque chose, c'est l'attention de son amant, dans le sens de le "capturer", le "captiver", afin de le garder... ( C'est vrai, ça rate... peu importe). Et de supplier l'opératrice, anonyme "Mademoiselle" de rétablir la communication ...
Aujourd'hui plus de "Mademoiselle", seule reste l'angoisse de la -même brêve- coupure matérialisée par un "bip"...
Si au moins la jeune femme dans le train avait dit : "Je te captive demain, bye !" (son "projet" étant, pour ce que j'entendis, de le "capturer"...), ç'aurait eu une autre allure...
Dans le train, le téléphone vous transforme inévitablement en acteur dont le wagon devient le théâtre éphémère, c'est comme ça... et comme dans la Voix Humaine, ( coup de génie de Cocteau) pas besoin d'entendre l'autre voix pour tout comprendre...
Dans la "Voix Humaine" de Cocteau, premier "drame téléphonique" de l'histoire du théâtre, la "coupure", soit l'echec de la captation, fait partie de l'action, c'est même la seule t unique action...Si la femme délaissée, unique personnage, cherche elle aussi à "capter" quelque chose, c'est l'attention de son amant, dans le sens de le "capturer", le "captiver", afin de le garder... ( C'est vrai, ça rate... peu importe). Et de supplier l'opératrice, anonyme "Mademoiselle" de rétablir la communication ...
Aujourd'hui plus de "Mademoiselle", seule reste l'angoisse de la -même brêve- coupure matérialisée par un "bip"...
Si au moins la jeune femme dans le train avait dit : "Je te captive demain, bye !" (son "projet" étant, pour ce que j'entendis, de le "capturer"...), ç'aurait eu une autre allure...
Dans le train, le téléphone vous transforme inévitablement en acteur dont le wagon devient le théâtre éphémère, c'est comme ça... et comme dans la Voix Humaine, ( coup de génie de Cocteau) pas besoin d'entendre l'autre voix pour tout comprendre...
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