Un matin d'août il y a deux ans, je fus abordé, dès potron-minet, rue Saint Honoré par une touriste perdue qui me demanda où se trouvait "Colette". Je m'apprêtais alors à la diriger à deux pas, vers le Palais Royal à l'endroit même où Gabrielle Sidonie la sublime avait vécu, lorsqu’une jeune femme lookée-que-c'est-rien-de-le-dire me la kidnappa pour la conduire là où ma touriste souhaitait vraiment se rendre : au magasin “Colette”. J’avais tout faux : je m’étais trompé sur la demande de ma belle étrangère et pire encore, j’affichai ce jour à l’évidence mon ignorance de la branchitude extrême : le magasin “Colette”... D’aucuns en seraient morts de honte... Je suis encore en vie pour vous raconter “ Colette”.
“Colette” est un magasin discret rue Saint Honoré. Pas d’enseigne tapageuse, on a pu, juste pendant quelques temps, voir gravé dans la pierre de l'immeuble, au niveau ou les chiens font leur pipi matinal, “ Colette” ("le chien" est d‘ailleurs la mascotte de Colette, seul coefficient de pondération sympathique ). “ Colette” est un concept, c’est là que la mode se fait, se dit, se montre, et surtout s’achète. Chez Colette on trouve n’importe quoi, selon l'arrivage, comme dans les pays de l'est avant la chute du mur... Et fi de ce qu’on y trouve car c’est chez Colette qu’on le trouve. Peu importe l’objet, son seul intérêt est d’être hors de prix, jeans qualité Tati à 300 Euros, tongs à l’époque ( maintenant, c’est out, chez Colette) à 50 Euros, ou dans le bar à eau ( et oui, ça existe) bouteille de flotte au prix d‘un premier cru classé... On ne va pas chez Colette pour “acheter”, on y va pour “claquer”. Et c’est là qu’est le coup de génie des tenanciers. Faire se garer en double file devant leur échoppe de luxueuses limousines aux vitres noires pour vendre aux créatures de tous les sexes qui en sortent des objets d’aucune valeur à des prix invraisemblables... Ils ont tout compris. En effet lorsque qu’on a les moyens de claquer des fortunes dans des choses qui se voient, et parce qu'elles se voient (Cartier, Hermès, Vuitton, etc) le summum du chic, le top du top est d’aller en claquer autant dans des choses qui ne se voient pas, fringues de merde, cosmétiques de marques inconnues sauf des happy few qui les achètent, pas pour les utiliser, juste, pour les payer ... et surtout se reconnaître entre soi , ce qui est très fort, par l'absence de sigle façon YSL ou autres. Pas de montre Cartier, pas de sac Vuitton, juste des tongs, un jean et un T-shirt Colette ) à 70 Euros : le chic absolu que seuls vos égaux peuvent reconnaître : le pied ! Génial, je vous dis... Si demain Colette décide de vendre des gants Mappa, tous les clients en achèteront à 100 Euros la paire... S'il décide de vendre des oeufs de Lump au prix de caviar, Petrossian n'aura qu'à se flinguer... Si'l décide de vendre du P.Q au prix de la Pléiade il y aura des clients... Il paraîtrait que ça fait des années que ça dure... "Colette" c'est un peu la "Foirfouille" pour les milliardaires...
J’imagine, poussant le raisonnement au bout, qu’on pourrait pour ces clients-là créer un magasin qui s’appellerait, par exemple pour changer, “Paulette”. On y vendrait “du” et “des riens”. Il y aurait bien sûr des présentoirs, des portants, des casiers, des étagères, mais avec “rien” dedans, juste les prix et de superbes codes-barres. Les seuls objets palpables seraient les “sacs à rien” dans lesquels, avant de passer à la caisse régler vos achats, en carte ou en espèces, on mettrait avec soin les “riens” achetés... le ticket de caisse et les étiquettes étant finalement le seul bien acquis qu'on devra exhiber en sautoir . Il y aurait aussi bien sûr un personnel inepte, glacial et méprisant et suffisamment con pour accepter de faire cracher toutes les trois minutes à des couillons pétés de thunes, l'équivalent de leur salaire mensuel...
J’envisage un brevet. Le financement n’est pas énorme ( Colette ne fait pas de pub ) juste un loyer dans le quartier adéquat... et le bouche à oreille mondial....
J’imagine, poussant le raisonnement au bout, qu’on pourrait pour ces clients-là créer un magasin qui s’appellerait, par exemple pour changer, “Paulette”. On y vendrait “du” et “des riens”. Il y aurait bien sûr des présentoirs, des portants, des casiers, des étagères, mais avec “rien” dedans, juste les prix et de superbes codes-barres. Les seuls objets palpables seraient les “sacs à rien” dans lesquels, avant de passer à la caisse régler vos achats, en carte ou en espèces, on mettrait avec soin les “riens” achetés... le ticket de caisse et les étiquettes étant finalement le seul bien acquis qu'on devra exhiber en sautoir . Il y aurait aussi bien sûr un personnel inepte, glacial et méprisant et suffisamment con pour accepter de faire cracher toutes les trois minutes à des couillons pétés de thunes, l'équivalent de leur salaire mensuel...
J’envisage un brevet. Le financement n’est pas énorme ( Colette ne fait pas de pub ) juste un loyer dans le quartier adéquat... et le bouche à oreille mondial....
2 commentaires:
dire que je suis tombé sur votre blog pour voir s'il y avait un quelconque lien avec Colette l'écrivain et ce magasin...en même temps il y en aurait eu un je me serais posé des questions. Bref, tout ça pour vous dire que moi aussi j'ai pu voir le n'importe quoi de ce magasin. Les femmes étant en majorité dans le groupe ou j'étais, nous étions deux hommes à ce demander pourquoi l'existence de ce magasin ou tout était plus cher et trouvable partout ailleurs, ou les vêtements Kiabi sont vendus 100 fois plus cher.Tout est kitch, la musique c'est de la merde, les employés sont cons..une vraie boutique à pute de luxe flashy je-pète-plus-haut-que-mon-cul-mais-ça-sent-bon. Bref,on en a conclu que ce que l'on paye, c'est le petit sac en carton avec inscrit "Colette" dessus et aussi que nous, pauvres humain du sexe masculin, ne pouvions pas comprendre et d'un coté, on n'avait pas envie.
Le plus rigolo dans l'histoire mais les fondatrices de ce magasin l'ignorent sans doute c'est que Colette l'écrivaine et l'inventrice en tous genres ouvrit en 1932 au 6 de la rue de Miromesnil une boutique de produits de beauté "naturels" vant l'heure. L'endroit était très " design". Mais l'expérience dura peu car tous les produits étaient à base d'ail concentré...
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