Quand je l'ai connu, au début des années soixante, il était en apprentissage chez mon père. Il devait avoir quatorze ou quinze ans . Il avait une Malaguti avec le siège clouté à frange en faux léopard. Pas un blouson noir, mais presque ! Il était déjà très sympathique et montrait une assez précoce aptitude aux plaisirs dont jamais, jusqu'à il y a quelques mois, il ne s'est départi... Il menait sa vie, je menais la mienne, deux vies parfaitement divergentes en tous points, mais si La Vie faisait que nous nous voyions rarement c'était toujours chaque fois avec énormément de plaisir. On déconnait ferme... Il avait le talent pour raconter des histoires vécues et assénait sa philosophie de la vie avec cet incomparable accent poitevin qu'il ne perdit jamais même s'il émigra en Allemagne. Il est toujours resté fidèle en amitié, malgré les accidents de la vie de tout et un chacun, fidèle et généreux... Il faisait partie de ceux de cette génération qui n'avait pas fait d'études au delà du "certif", mais dont l'intelligence suffisait à pallier les prétendus, hypothétiques manques, en fait, manques de rien du tout, bien au contraire, pléthore d'idées, de vie.... Il avait de surcroît la meilleure de toutes, l'intelligence du coeur. Il picolait comme un trou, fumait comme un transatlantique et baisait tout autant car il était, grand amateur de femmes et sans doute performant, car fort sollicité... bref, il ne faisait pas grand chose à moitié... Voilà, il est mort lundi dernier, un bon cancer qui, heureusement pour lui qui n'aurait pas supporté qu'on s'acharne, n'a pas traîné... N'empêche qu'encore une fois je suis bien triste.
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