Voilà, ça y est, je fais mon coming-out. Je sais c'est un peu honteux, mais j'en pouvais plus d'être dans le placard, de faire semblant de bander pour un solo, de triquer pour un chorus. Vous vous rendez compte, à chaque fois, simuler l’érection pour un riff de batterie en pensant pour m’exciter à mort à la Fantaisie Wanderer... Ça demande un grand pouvoir de concentration... Combien de fois j’ai réussi à atteindre l’orgasme pendant un embrouillamini sans fin de piano foireux aux harmonies sinistres, en me répétant les yeux fermés une bonne cadence parfaite après résolution... Personne ne s’en apercevait ! Mais il arrive un moment où on n’en peut plus de faire semblant ! On veut le hurler, le crier, que tout le monde le sache ! oui, je vous ai trompés, pendant toutes ces années, j’ai une vie secrète. Je le dis au risque de me brouiller avec les uns, avec les autres, tous les straights de la musique soul, du New-Orleans, du Free, du Be-bop, j‘en passe et des bien pires. Habitués des partouzes du Hot Club, échangistes de Marciac, je craque, je vous l’avoue, je hais le Jazz ! je hais cette batterie qui fait n'importe quoi, je hais cette contrebasse qui fait ce boumboumboum amorphe, ce saxophone qui fait sous lui, cette trompette qui décalotte mal, ce piano qui nimportequoise ! Et ce public qui applaudit pour qu'on sache qu'il vient de reconnaître le standard, c'est à dire un thème usé jusqu'à la trame. Certains, compassionnels, façon Dumas-Antier-Delarue me reconnaîtrons le “droit à la différence”, mais penseront que je suis néanmoins "en souffrance" et que seul le fait d’en parler peut m’aider ! Non, bien sûr, ce n’est pas une maladie, la jazzophobie, mais comme toutes les phobies congénitales ou non, peut-être qu’on peut "faire un travail" là-dessus ! Nooooooon ! Hurlè-je ! laissez moi, je veux moduler, tonale/sous-dominante/dominante/tonale, je veux des harmonies cochonnes, je veux des incursions incongrues, du relatif mineur, de la tierce picarde, bref, je veux du sensuel, du corps-accord parfait ! Heureusement, je vous le dis aussi maintenant mais vous le savez sans doute, il a des lieux où les gens comme moi se rencontrent...
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2 commentaires:
Cher pp,
MOI AUSSI! Le jazz ou me barbe et/ou me fait flipper grave, genre pavé glissant, chat pelé sur la gouttière, nuit poisseuse....Quand j'étais dans ma chambrette estudiantine, branchée France Mu 24 sur 24, dès que s'annonçait les retransmissions de Montreux, Marciac ou Cimiez, j'éteignais... je préférais encore, c'est dire l'emission Vieilles cires (duraille pourtant...) Quoique Summertime par Leontyne Price Minnie la souris par Cab calloway dans les Blues Brothers, je prends yeux fermés, oreilles grandes ouvertes mais au fait c'est-y ou c'est-y pas du jazz? angevine
Mais c'est bien ça la question, C'est quoi le jazz ?
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