06 octobre, 2005

Nos amis les cadres manifestent

Couplet compassionnel

Des événements récents qui se sont produits en France dans la succursale d’une fabrique mondiale d’ordinateurs ont mis en évidence la fragilité des cadres et leur avenir/devenir incertain. Ces faits attentatoires à leur intégrité les ont tellement indignés et encore plus surpris qu’ils se sont, pour certains, laissés aller à manifester avec la populace contre ce gouvernement libéral en qui ils avaient pourtant mis tous leurs espoirs libéraux...

Si j’étais grossier (et je le suis), je leur dirais : "Pauvre con, c’est bien fait pour ta gueule, te voila enfin victime de ces plans sociaux qui te chagrinaient moins quand ils réglaient le compte du hâve prolétaire... Le plan social, sous-merde encostumée que tu es, c’est comme le cancer, l’infarctus ou la dépression qui te guette, personne n’est à l’abri, ça n‘arrive pas qu‘aux autres.. La seule différence entre ton triste cas et celui du prolo, c’est que très généralement lorsque celui-ci se retrouve au chômdu, sa femme, qui se souvient d’en avoir vu bien d’autres, le soutient ; tout le monde, en revanche, sait que lorsque le cadre est lourdé, bobonne se barre au plus vite avec le collègue encore opérationnel, oubliant, pauvre conne permanentée en 4X4, qu’il est, lui aussi, en sursis. Tu t’es cru, parce qu’on te l’a rabaché, partie de l’élite, aimé de ton cher patron dont tu souhaitais néanmoins en bon "battant", prendre la place à la faveur de son moindre check-up trop chargé en cholestérol, tu t’es cru indispensable, inamovible, invirable. Tu t’es endetté pour jouir et pour paraître, golf pour ta pomme, fitness pour madame, Akadomia pour tes chiards qui sont encore plus cons que toi au point qu’il te faut raquer pour les sauver de la mouise... Tu t’es cru, tu as cru, tu les as cru... C’est trop tard... "Monter ta boîte" comme on disait il y a encore quelques temps ? Tu n’y penses pas, il n’est pas un seul banquier qui te prêtera maintenant la moindre thune... (on ne prête rien à un "loser") d’autant moins que tu lui en dois de la thune, et pas qu’un peu... Pas le plus modeste " Fond de pensions" pour racheter ton incompétence, tu auras même du mal à trouver des comparses pour monter une tontine... Tout ça parce que des sous-développés en jodhpurs ont entrepris sans prévenir de te tondre le cashmeer sur le dos, formés par tes amis libéraux d’Amérique pour le plus grands profits de ces derniers et qui, pour leur part, s’en tireront encore pendant quelque temps, celui au moins de te voir crever la gueule ouverte. Pauvre cadre, tu serais presque pathétique si on ignorait qui tu es, à savoir l‘objet de la justice immanente... Il te restera, une fois que tu auras vendu à perte ton pavillon Kauffman&Broad, cédé à vil prix ton Audi, renoncé à tes week-ends, à tes vacances en pays émergents au risque des tsunamis, il te restera donc à t’inscrire à Lutte Ouvrière ou à la L.C.R.; si tu possèdes encore un de ces jeans de chez Colette que tu t’étais offerts au temps de ta splendeur, prends en soin, tu pourras le mettre pour manifester, on ne voit pas la différence... Tu peux aussi, ça se fait, hélas, prendre ton flingue, trucider tous les tiens et te faire la peau enfin... Mais ça je n’y crois pas vraiment et le souhaite encore moins ; je crois plutôt que tu vas en chier un maximum... Tu te voyais en Messier... Tu rêvais de "golden parachute" ? Pas de parachute du tout : tu tombes sur le cul... J’espère seulement que, comme en Allemagne dans les années trente, la crise et ta chute ne te feront pas plus fasciste que tu n’es..."

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ca fait vraiment plaisir à lire. Enfin des propos dans lesquels je me reconnais !
Bravo ! Bis ! Quelle verve, quelle fougue, quelle plume !

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