J'ai revu hier soir ce film qui fit scandale dans les années soixante par ce qu'on y parlait de l'amitié amoureuse de deux "jeunes garçons" dans un collège confessionnel - oratorien, jésuite, pas de précision -. Le scandale était tel que quelques années plus tard, lors de la première émission consacrée avec mille précautions à ce douloureux sujet qu'est l'homosexualité, on jugea bon de le remplacer au dernier moment par l'extraordinaire subversif et crypto-pédé " Tant qu'il y aura des hommes "... amitiés viriles contre troubles ados...
Bref, ces "Amitités particulières" m'avaient parues à l'époque charmantes, touchantes, mais bien anodines. Ce n'est plus du tout l'impression que j'en ai aujourd'hui tant il s'agit avant tout d'un film dur et sans pitié dont le sujet en ces temps de pédophilie galopante, les deux héros ayant l'un 13 l'autre 16 ans, n'a pas de quoi traîner quiconque de ce collège d'ensoutanés aux assises... Pas le moindre appel à une sexualité fût elle élémentaire, juste le jeu de la séduction physique un peu, intellectuelle surtout. Car il s'agit, et c'est là que le film est tout à fait excellent, d'une histoire de manipulation sans autre but que celui d'acquérir le pouvoir, sans ou à peine, le moindre projet érotique, car ici, c'est l'âme qui est "enjeu", pas le corps et si l'on se cherche, c'est par l'écrit narcissique, pas par le geste déplacé. Entre le gamin séducteur, sa proie, les curés fluctuants, il s'agit d'un jeu de stratégie terrifiant destiné à "gagner une âme" car appliqué à des êtres qui s'il n'y sont pas préparés y trouvent vite leur marque, et dont seule la mort de celui par qui le scandale arrive règle définitivement la question, car dans ce Faust curieux, tous ces Méfisto s'attaquent directement à Marguerite... Et si scandale il y avait, c'est bien là qu'il se trouve. Peyrefitte dont je ne raffole pas avait eu là un coup de génie d'analyse psychologique des plus décapantes.
On peut voir le film remarquablement intelligent en entier.
Michel Bouquet est superbe et infernal, Louis Seigner protéiforme... les deux tout à fait excellents.
1 commentaire:
Merci P.P. c'est bien de rappeler ce film et très gentil de l'avoir mis sur le site, rendu accessible...
Bon dimanche de pelle à gâteaux !
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