Fou de fugu

Le fugu est ce poisson japonais qui ne peut, en raison du danger qu'il présente, être accommodé que par un cuisinier agréé par une commission officielle, au casier judiciaire vierge et à l'habileté reconnue et contrôlée tous les trois ans. En effet, les viscères de la bête recèlent en quantité la fameuse tetrodotoxine. Ça, encore, ça pourrait se régler, mais les ovaires de la femelle et la peau des sujets de deux sexes en sont aussi chargés.

Mais il parait, qu'une fois bien nettoyé et préparé cuit ou cru c'est un plaisir absolu dont l'attrait du danger n'est pourtant pas exclu. Notre ami M..., japonais, critique gastronomique, musical et maître de Go nous racontait que chaque fois qu'il se trouve au Japon au moment du délice (il y a des périodes), il s'offrait ce vrai luxe culinaire (c'est non seulement risqué, c'est aussi hors de prix). Il nous disait que pour que le fugu soit délicieux et accommodé selon les règles, il fallait qu'il y ait une infime dose de poison qui reste. D'ailleurs et selon lui on reconnaît le talent du cuisinier à une légère anesthésie des lèvres dès la première bouchée.
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