26 février, 2010

Les Lettres françaises N° 1455 du 11 au 17 octobre 1972 et Caderé en prime, en fin.

J'ai trouvé dans un tas de vieux journaux cet exemplaire des "Lettres françaises". Il était tout humide. Je l'ai séché soigneusement.
C'est le dernier numéro de la revue.
A la une, sous ce chapeau sobre, émouvant, le sommaire :
Comment meurt un journal
- Aragon : La valse des adieux
- Une gouache inédite de Pablo Picasso
- Vercors : Nous avons été heureux
- Pierre Seghers : Ainsi le rossignol s'est tu
- Jean Ristat : Le fil(s) perdu Miró
- Pablo Neruda et Jean Marsenac : Deux Poèmes
- Une gravure de Joan Miró
- Picasso avec Rostropovitch
- Pierre Daix : l' Alliance écartelée.
- Entretien avec Nagisa Oshima
- Une lettre de Jean-Louis Barrault
- Pierre Tal-Coat : Peinture, point d'émergence.
Ce qui est étonnant, c'est l'éclectisme de cette revue. Il apparaît dans le sommaire, mais aussi et d'une manière plus criante dans la page des spectacles et des petites annonces. On lit les premières publicités pour le Théâtre du Soleil à la Cartoucherie, celles du TEP, de la Compagnie Renaud-Barrault installée à l'époque dans la gare d'Orsay. Les débuts du Festival d'Automne avec le Polytope de Cluny de Xenakis Mais on y trouve aussi et sur la même page, Zizi Jeanmaire au Casino de Paris dans son spectacle "Zizi je t'aime" et plus étonnant encore, une rubrique spéciale "Chansonniers" avec aux Deux Anes, un spectacle de Pierre-Jean Vaillard, intitulé "La dynastie des Fortiches". On y trouve une annonce de concert de "La grande écurie et la chambre du Roy" mais sans que Malgoire soit crédité. Et puis, à coté, juste à coté d'une annonce de concert du très moderne et très engagé ensemble instrumental "2e2m" une pub pour "La coordination artisanale" : pour tous vos travaux, maçonnerie, plomberie, carrelage, électricité, menuiserie, peinture et décoration sur appel téléphonique à Madame Perrault, de 7h30 à 11h30 et après 20h.... Juste au dessous, trois annonces judicieusement disposées côte à côte : une invitation à se procurer pour 35 francs l'indispensable livre d'un certain Manfred F. de Martino, préfacé par le fameux Docteur Albert Hellis : "La Nouvelle Sexualité Féminine ", une exposition à l'hôtel de ville du Blanc-Mesnil sur "l'Accouchement sans douleur" et toute petite mais très visible, une pub pour les produits d'hygiène de la marque Olla, gants et tétines en caoutchouc...
Oui c'était ça aussi les "Lettres françaises" le jour de leur mort. Un inventaire à la Prévert sans préjugés ni ostracisme...
et en fin à l'avant dernière page, au bas de la colonne quatre sous les publicités des galeries d'art, cet encadré ultime, presque invisible, signé Caderé qui dit :

Cliquez sur l'image pour agrandir
et là, je dois avouer, Caderé qui survivra quatre ans aux Lettres françaises dont il clôt ici la dernière colonne de la dernière "rubrique Galeries" de fait institutionnelle, d'un journal qui meurt, me réjouit par son art consommé de "boucler la boucle" et ce juste au bon moment... Sans doute un des actes majeurs mais le plus oublié de Caderé.
Ce dernier numéro des "Lettres", je vais le plastifier.
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