Les animaux de Cornelis de Haarlem

Bien sûr, Adam et Éve, Dieu ne les ayant pas loupés, sont d'une beauté absolue et d'une sensualité triomphante se jouant élégamment du maniérisme ambiant. Même le démon mi-serpent mi-putto est tout à fait charmant. C'est normal, le démon est charmant, c'est sa force ! Il est ici, et c'est génial, représenté comme un enfant alors qu"Adam et Éve n'ayant pas encore procréé, l'image de l'enfant ne peut exister... Le diable est redoutable, c'en est la preuve !
Pour Cornelis "La Chute de l'Homme" (c'est le titre officiel du tableau pour les historiens de l'art), c'est, de toute évidence, la découverte du plaisir physique. On le voit au désir qui se lit dans leurs yeux et dans la queue du serpent dirigé, clairement, du côté d' Éve
Il y a néanmoins dans ce tableau, hormis ce qui est immédiatement lisible, toute une symbolique déchiffrable à l'époque qui m'échappe aujourd'hui, n'étant pas spécialiste initié. La chouette au dessus d'Éve, on peut encore se rappeler que c'est l'oiseau de Minerve et que la première femme a, malgré sa présence, quelque peu manqué de réflexion... Mais à gauche ce chien (un berger bernois?), qui nous regarde ? Et puis surtout, au pied de l'Arbre, ce singe qui, comme s'il craignait la fin d'un monde heureux, cajole un chat qui, lui aussi, nous fixe. Quand au nuage fantomatique que contemple sans frémir le couple maudit dans l'arrière plan juste au dessus du chien, mystère !
Bizarre... bizarre et tellement beau !