C'est la saison.
Mon père, moitié périgourdin moitié bordelais, avait, même s'il n'eut jamais vécu dans ces régions, gardé et tissé des liens avec des autochtones. C'est ainsi qu'il avait pour mentor, un personnage étonnant, ingénieur, inventeur, qui avait de la fortune, un peu de vigne aussi et mille et une idées. Une sorte de "Courtial des Pereires" de "l' Entre deux mers", mais pas calamiteux car fort bien établi. Ils inventèrent ensemble, entre autres, la machine à laver à ultra-sons. Ça marche... Je vous en reparlerai.
Mais ce n'est pas le sujet de ce post.
Mon père, moitié périgourdin moitié bordelais, avait, même s'il n'eut jamais vécu dans ces régions, gardé et tissé des liens avec des autochtones. C'est ainsi qu'il avait pour mentor, un personnage étonnant, ingénieur, inventeur, qui avait de la fortune, un peu de vigne aussi et mille et une idées. Une sorte de "Courtial des Pereires" de "l' Entre deux mers", mais pas calamiteux car fort bien établi. Ils inventèrent ensemble, entre autres, la machine à laver à ultra-sons. Ça marche... Je vous en reparlerai.
Mais ce n'est pas le sujet de ce post.
Cela se passe, je crois, après la guerre. Mon père est en visite chez ces amis dont madame est marraine d'une de mes sœurs. C'est l'automne, il fait doux et l'on part aux champignons, aux cèpes, bien entendu. On revient paniers chargés et comme il y a des invités et qu'on est dans une bonne maison, on confie la récolte à la cuisinière, eh oui, c'est un peu une histoire d'une autre époque. Mais l'hôtesse, méfiante, émet quelques doutes sur la qualité et surtout sur l'absence de risque, une amanite, même un morceau, petit, vous savez, on ne sait jamais ! Le maître de maison pour calmer les angoisses propose, sûr de lui, qu'on en donne un peu, une fois cuits, à son chien qu'il adore. Et c'est ce qu'on fait. La soirée est charmante, on prend l'apéritif sur la terrasse de ce que dans le bordelais on appelle un château. Et puis l'on passe à table. On dîne, on cause, on boit et tout est parfait, le chien est venu au milieu du repas et après une caresse son maître l'a fait sortir.
Et c'est sur les onze heures, on en est au café, aux liqueurs, aux cigares, dans le salon et dans le fumoir, que la cuisinière arrive hors d'haleine :
"Madame, Monsieur, le chien est mort, le chien est mort ! "
Et toute la compagnie de sortir dans le parc se faire vomir en hâte et sans vergogne sans même entendre la question du maître de maison :
" Mais enfin où est-il ?"
" Mais sur la route, Monsieur, sur la route, devant la grille, une voiture vient de l'écraser..."
Je n'ai jamais su si mon père avait vécu cette histoire, si elle faisait partie de la mythologie bordelaise ou s'il l'avait inventée, qu'il racontait si bien. D'ailleurs, c'est pas grave, c'est une histoire... et moi, les histoires, j'aime ça.
Et c'est sur les onze heures, on en est au café, aux liqueurs, aux cigares, dans le salon et dans le fumoir, que la cuisinière arrive hors d'haleine :
"Madame, Monsieur, le chien est mort, le chien est mort ! "
Et toute la compagnie de sortir dans le parc se faire vomir en hâte et sans vergogne sans même entendre la question du maître de maison :
" Mais enfin où est-il ?"
" Mais sur la route, Monsieur, sur la route, devant la grille, une voiture vient de l'écraser..."
Je n'ai jamais su si mon père avait vécu cette histoire, si elle faisait partie de la mythologie bordelaise ou s'il l'avait inventée, qu'il racontait si bien. D'ailleurs, c'est pas grave, c'est une histoire... et moi, les histoires, j'aime ça.
2 commentaires:
Je me sers dans mes cours sur le "fait divers" d'un article du journal L'Alsace (2 janvier 1993)qui raconte une histoire bien proche de la tienne.
Mais, comme tu le dis, l'essentiel, c'est d'aimer les histoires, surtout quand elles sont bien racontées.
Je m'en doutais un peu. Ta version de janvier 1993 est bien postérieure à la mienne que je date pour ce qui est de celle de mon père, en gros, des années c.1955. Comme toute mythologie, elle se modifie en permanence. J'aimerais bien lire celle de "L'Alsace".
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