Ma mère ne m'interdisait pas de passer le soir en rentrant de l'école chez ma grand-mère paternelle. Elle ne me manifestait vis a vis de ces visites régulières aucun avis ni sentiment. Chez Valentine, m'attendait une chose que j'aime toujours autant : un petit carré Gervais, avec une biscotte, sans sel, bien sûr, tous les vieux à l'époque mangeaient des biscottes sans sel... Des biscottes "l'Angevine", qui vous offraient si vous étiez fidèle, au bout d'un certain nombre d'images incluses dans l'emballage restituées à la boulangère ou à l'épicier, une poupée folklorique en celluloïd, habillée et coiffée de vrai tissus... Je ne me souviens pas qu'avec ma grand-mère et contrairement à mon grand père Jean-Baptiste, nous causions beaucoup, mais j'étais bien avec elle, petite pomme fripée et toute de noir vêtue, tout en étant un peu inquiet de ce que ma mère pouvait penser de ces visites quasi-quotidiennes, peut-être même, j'y songe maintenant, limitais-je inconsciemment les échanges pour ne pas "trahir ma maman" ; le doute, c'est terrible, pour un enfant, il vaut mieux interdire, car on peut transgresser, c'est plus clair.
Ma mère s'occupait d'elle en femme de devoir, en chrétienne, avec plus d'efficacité que d'affection. Elle n'avait rien à lui reprocher, à sa belle mère, si ce n'est, m'a-t-on dit, une hypothétique, modeste et bien involontaire part de responsabilité dans la mort prématurée de notre frère ainé, et encore cela restait-il enfoui dans un épais non-dit. Non, ce qu'elle lui reprochait, je pense, sans bien sûr se l'avouer, c'était d'être encore en vie, quand sa propre mère était morte depuis longtemps.
Ma mère s'occupait d'elle en femme de devoir, en chrétienne, avec plus d'efficacité que d'affection. Elle n'avait rien à lui reprocher, à sa belle mère, si ce n'est, m'a-t-on dit, une hypothétique, modeste et bien involontaire part de responsabilité dans la mort prématurée de notre frère ainé, et encore cela restait-il enfoui dans un épais non-dit. Non, ce qu'elle lui reprochait, je pense, sans bien sûr se l'avouer, c'était d'être encore en vie, quand sa propre mère était morte depuis longtemps.
3 commentaires:
Bonjour PP
Je mange encore et toujours mes biscottes sans sel, et des carrés frais Gervais, j'en ai encore dans mon réfrigérateur aujourd'hui!
Bonne journée.
Chère Marydunör,
Puisque tu fais perdurer une remarquable tradition, en offres-tu à ton petit fils quand il passe te voir(presque) en cachette ?
Ah non hélas, mon petit fils je ne le vois que très très rarement et à part les pâtes....
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