02 décembre, 2010

Olivier Bellamy et l'ambiguité

Là, à l'instant, page 58 du numéro d'octobre 2010 de Musica, brochure publicitaire des majors du disque et de Radio Classique réunis, trouvé dans une poubelle, je lis un article consacré au pianiste isrélien David Greilsammer par un certain Olivier Bellamy, folliculaire para-musical que je découvre à l'occasion .
Monsieur Bellamy décrit Tell Aviv, c'est très couleur locale, beau comme du Mort Schuman de "Brooklyn by the Sea". Je le cite : "Les familles se promènent pour marquer la fin du Shabbat, des adolescents en maillot de bain jouent au ballon sur le trottoir, une chanteuse traditionnelle fait danser les passants, deux garçons ambigus marchent en se tenant la main etc. "
... Ah, qu'en termes galants ces choses là sont dites !...

Mais non, justement, ils ne sont pas ambigus, au contraire, ils sont ouvertement pédés, homos, gays ou s'il veut faire dans l'ancien, car visiblement ça lui écorche la plume, ils sont invertis, anti-physiques selon la terminologie de la police des moeurs de Napoléon III... Ou mieux encore à la manière de Proust : "deux jeunes Messieurs Charlus"... Je l'exonère des tapioles, des pédales et autres folles tordues, contrairement à lui, je sais me tenir.

Ça prouve qu'en Israël, on ne se cache plus, sauf bien sûr à Méa Shéarim.

Bien entendu, la formule n'est pas vraiment homophobe, elle est juste un peu condescendante. Pourquoi n'avoir pas écrit tout simplement "deux garçons marchent en se tenant la main". On aurait aussi bien pigé sans ce jugement inutile et péjoratif, car qu'il le sache ou non, ambigu tout comme ses synonymes, équivoque, interlope, louche ou douteux est un adjectif très péjoratif. C'est chiant, pour un journaliste, d'ignorer le sens des mots.

Pendant que j'y pense, pour son information, s'il va à Istanbul interviouver Fazil Say, il faut qu'il s'attende à voir des policiers en uniforme faire leur ronde en se tenant eux aussi la main... Ils ne sont ni ambigus ni "ibne" pour autant...
Ah, "ibne" en turc ça veut dire homo, pas ambigu, non, homo ! vaut mieux le prévenir, Bellamy, car il est, faut en convenir et sans médire, un peu couillon, tout de même.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Bah, c'est mignon, "ambigu"! Il faudrait rédiger un dicrtionnaire raisonné et historique de l'hypocrisie langagière homophobe: à distance, c'est plutôt risuble et ridicule tout en ne évoilant que la bassesse de ceux qui usent de ces mots.;a distance, certes..Car il sera bon de se souvenir aussi que l'homophobie n'est pas seulemetn d'une épaisse connerie tartignole marrante! Qui a l'avantage de signaler à tous que celui qui en est affligé est un cn sub-larvaire! Le sujet est plus grave et l'himiphobie a nui! Elle a été criminelle, l'est pardois encore tandis que les homos de jadis furent parfois soumis, par le justice, à des tortures abominables!
Cela dit, j'aile bien "anti physique"..."deux anti-physiques se tenaient par la main"! C'est épatant!Et plutôt énigmatique!IL faudrait réhabilité cette expression, la revendiquer!Même le sordide peut engendrer une poésie cocasse! Anti-physique!
Hors landau

P. P. Lemoqeur a dit…

Ben oui, faut pas hésiter... "ambigu", ça sent l'incertitude, et passez moi l'expression, "l'entre deux"...

P. P. Lemoqeur a dit…

kéna a ajouté un nouveau commentaire sur votre message "Olivier Bellamy et l'ambiguité" :
Comme je n'arrive aps à el publier directement je vous fais un copié-collé :

PP Le Moqueur, ta "critique" est nulle et consternante, du niveau zéro et comme c'est la saison, largement en dessous même. Elle pue l'autosuffisance et la morgue d'un urbain désoeuvré mal dans sa peau. C'est une lesbienne qui t'écrit, évite de me traiter moi aussi d'homophobe. Ta diatribe à deux balles est pitoyable. Qu'est ce que tu viens emmerder Olivier Bellamy auquel tu n'arrives pas à la cheville et que tu ne connais pas. T'as quoi concrètement à ton actif, à part te regarder dans le miroir baver sur d'autres ? Alors, svp fais toi - FAIS NOUS - plaisir, va à Tel Aviv ou Tombouctou mais fais nous des vacances. Tu en reviendras peut être moins con. Et là, clairement, sans ambiguité aucune.

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Voici ce que je lui réponds :

Kéna,

Tu n'es pas sérieuse, et le fait que tu sois lesbienne ne change rien à l'affaire, je n'ai pas l'esprit communautaire.

A part une succession de formules banales du genre "c'est celui qui dit qui y est" tu ne proposes pas d'arguments qui vienne étayer ton propos.
T'es la première tribade de Cm2 que je rencontre...

Pour ce qui est de m'envoyer à Tel- Aviv et à Tombouctou, ne serais-tu pas, toi, un peu antisémite et raciste à la fois ? Ca existe, les goudous d'extrême-droite.

Bellamy, je m'en tape, c'est vrai, je sais même pas qui c'est, j'ai appris qu'il existait en lisant son article sur les chiottes, c'est dire... C'est ça que t'as pas compris. C'est la formule et le terme vieillot "d'ambigu" qui m'ont intrigué, ils auraient été proférés par n'importe quel autre couillon-plumitif que c'eût été pareil.

Kéna, je te le redis, t'es pas sérieuse, c'est ton charme et c'est ta limite. A moins que tu sois une copine, une parente de ce Bellamy. Dans ce cas-là ton message t'honore, il fleure bon le sacrifice. Passer pour une conne pour défendre un imbécile, ça force l'admiration.

Bellamy a dit…

Bonjour, je suis Olivier Bellamy, l'auteur de cet article paru dans Classica (et non Musica). J'explique les raisons de la nécessité de l'emploi du terme "ambigu". Tous ceux qui sont allés dans un pays arabe savent que deux hommes peuvent se tenir par la main sans qu'il n'y ait rien d'ambigu. Il s'agit d'une coutume, comme le fait de poser la main sur son coeur après s'être salué. A Tel Aviv, ville de tous les contrastes, de tous les extrêmes, de toutes les libertés et de toutes les folies, deux garçons peuvent vivre leur homosexualité au grand jour et croiser des militaires, des religieux, des familles. Cela est impensable à Damas, à Rabat ou à Jérusalem. Ainsi, on ne se comporte pas de la même manière à San Francisco ou à Boston. Tel Aviv est une "exception culturelle". P. P. le Moqueur oublie de citer la fin de la phrase où je décris une femme enceinte, ventre nu, se faire photographier face au soleil couchant. Cela m'est apparu très frappant, dans un pays paradoxal, violent et mélangé à la fois, où les juifs trinquent "à la vie" et glorifient la vie, tandis que leurs infortunés voisins en sont réduits à glorifier la mort et leurs martyrs. Je ne veux lancer aucune polémique, je ne juge pas, je ne dénonce rien, j'observe simplement, avec ma sensibilité de chrétien (au sens culturel du terme) qui se sent aussi proche de ses frères juifs que de ses frères arabes. J'espère par ces mots avoir dissout une ambiguïté que des personnes cultivées et sensibles avaient comprise d'elles-mêmes, sans se sentir obligées de dénigrer autrui, avec plus ou moins de talent.

P. P. Lemoqeur a dit…

Bonjour,

Vous n'avez retenu de mon billet que l'agacement qu'il vous a procuré.

J'ai été clair, je crois, sur le fait que le mien n'était pas "ad hominem" mais à propos d'un mot qui dans le cas précis évoquait quelque chose d'indicible. Je vous laisse à vos dictionnaires pour les définitions de l'adjectif " ambigu". Les mots, vous le savez ont un sens et une autonomie sémantique et le fait que vous ayez parlé d'autres choses avant et après avoir utilisé celui-ci ne vous exonère en rien de l'impression qu'il provoqua.

Vous me dites les comportements et la gestuelle méditerranéenne, je suis au courant, j'ai même rappelé à la fin de mon billet que les flics istanbuliotes faisaient leurs rondes en se tenant la main, mieux par le petit doigt très souvent.

Pour ce qui est du "talent" que vous évoquez en toute fin, je ne me pose pas la question, car comme disait Cocteau je ne fais pas partie de ceux qui se "constatent".

Cette histoire est intéressante, en ce qu'elle démontre que toute oeuvre qu'elle soit musicale ou littéraire (oui, un article peut être oeuvre littéraire) et de quelqu'ordre et niveau qu'elle soit, dès le point final ou la double barre, échappe à son auteur et devient par la force des choses autonome et porteuse de sens que son auteur ne contrôle plus.
Seul le peintre a droit au "pentimento", mais tant que la toile reste dans l'atelier.

En l'occurrence, le fait que cet article soit de vous ou d'un autre n'a aucune importance ; dès qu'il est imprimé, il est texte...
et c'est encore la sagesse des nations qui a le dernier mot :
Verba volant scripta manent !

Alexis Brunet a dit…

est ce qu'on a le droit de commenter bêtement ? Du genre "et pan sur le bec" ?

P. P. Lemoqeur a dit…

Chez moi
on a (presque) tous les droits...

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