31 décembre, 2009

Dresser les pauvres contre les pauvres.

Ils furent sans doute en échec scolaire, ils n'avaient pas de boulot, mais ils voulaient s'intégrer, avoir une vie normale au lieu et c'est louable, de sombrer dans la délinquance comme disent les journaux . Avant, on s'engageait dans l'Armée. Mais depuis que le service militaire obligatoire n'existe plus, et bien l'Armée, on n'y pense plus. Devenir flic ? mais, il faut avoir son bac maintenant. Alors ils vont bosser dans des officines privées où l'on est moins regardant. Ils deviennent vigiles, c'est à dire dressés à se dresser contre...
Vigile c'est un peu comme un chien policier, mais un chien policier qui n'aurait pas intégré ses deux cents mots vitaux et qu'on aurait mal éduqué. Car ça coûte plus cher de dresser un chien policier que de former un vigile. La seule formation du vigile consiste soit à lui apprendre autant que faire se peut à se banaliser (il peut peu...), soit à lui faire mettre son treillis noir à l'endroit et à lacer correctement ses rangers. Après, il suffit de le lâcher avec sa haine et son incompétence avec parfois un chien qui le surveille. Il n'est plus vraiment pauvre, mais surtout, ce qui change sa vie, c'est son ennemi, et cet ennemi c'est le plus pauvre que lui, celui qui va aller voler dans le super marché où l'entreprise mercenaire qui l'emploie l'envoie chaque jour faire son sale boulot et pour, c'est vrai, un salaire de misère mais un salaire quand même.
Alors, quand, pour justifier ses appointements et son pouvoir tout neuf, il peut en gauler un, un de ces salauds de pauvres qui osent venir profiter un peu gratuitement du pactole généreusement étalé sous leurs yeux, et bien il le gaule, et comme l'autre se défend un peu, il s'y met à quatre le vigile, courageux mais pas téméraire, pour le maîtriser le voleur qui s'agite.
Bon d'accord, il est mort le voleur...
Mais c'est pas de leur faute, ils ont appliqué les procédures... Dures dures les procédures... Et si c'était la preuve évidente qu'elles sont mauvaises les procédures ?

Et oui, à quatre contre un... ces quatre enflures ont tué. Quatre pauvres ont tué un autre pauvre pour être un peu moins pauvres...
Tout est dans l'ordre. Ils ont rempli leur mission. Car au bout du compte, ils ne se rendent même pas compte, en dehors de l'horreur de leur geste imbécile fût-il non prémédité, de ce qu'ils ont fait ce qu'on attend d'eux. Le projet étant, on le sait bien, de mettre en concurrence les pauvres pour les faire s'éliminer ou rester dans le rang.

I.n.s.t.r.u.m.e.n.t.a.l.i.s.e.r.
Oh, putain, c'est dur à lire ce mot là, faut avoir fait des études...

1 commentaire:

Olivier Autissier a dit…

Tu es dur, en particulier au début. ET pourtant, ça n'est pas tout à faux.
Beau texte mon PP, et avec un regard lucide. Et terrifiant.

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