10 avril, 2009

Vendredi Saint quinze heures précises

Oh-la-la mes amis, ce que j'en ai vécu des vendredis saints de petit catholique apostolique et romain ! C'est que ça rigolait pas, cette affaire... Y avait déjà eu le Carème dans les semaines qui précédent, histoire de vous préparer psychologiquement au pire. Déjà, le vendredi en général on ne mangeait pas de viande. Mais le vendredi saint... et bien je ne m'en souviens même pas, de ce qu'on bouffait le vendredi saint, tant la commémoration de la mort de notre sauveur était censée nous couper l'appétit... Ma mère faisait la gueule, elle l'aurait pas fait plus le jour de l'anniversaire de la mort d'un de ses proches... exhibant à l'extrême cette ride frontale verticale qu'elle m'a laissée en héritage. Moi, je peux pas dire que j'étais triste, non, j'avais seulement un peu la trouille, avec ces histoires de rideau de temple qui se déchire, de ciel qui se couvre et s'entr'ouvre sur les coups de quinze heures. Peut-être bien, en y repensant, que ma mère avait les chequottes elle aussi.. Bref j'attendais l'heure fatidique avec crainte et impatience, histoire de voir ce qui allait se passer... A quinze heures : silence total ! Évidemment, il se passait rien ! A quinze heures une, je suis sûr que ça vient de là la Minute de Silence, tout repartait... Ouf ! on l'avait échappée belle on remettait le compteur mystique à zéro et l'on pouvait préparer le jour de Pâques, avec ses cloches de retour de Rome, ses chocolats cachés dans le jardin, son gigot d'agneau dans l'assiette... Bon je savais bien au fond de moi-même depuis le temps, qu'il n'y avait rien à craindre, n'empêche, tous les ans c'était la même folie passagère savamment entretenue pas les grands praticiens de l'hystérie culturelle collective appliquée...
Néanmoins, et pour vous dire les proportions que ça pouvait prendre, ces procédures religioso-obsessiono-compulsives, un vendredi saint mémorable, jour où, je vous le rappelle, la viande était tabou, voilà-t-y pas qu'en fin de repas, dans un élan masticatoire probablement programmé, je me mords la joue jusqu' au sang ! et bien voilà comment on se retrouve vite fait bien fait auteur d'un sacrilège en règle !

C'est ainsi que l'année suivante, ayant un instinct de survie chevillé au corps et plus encore à l'esprit, je cessai délibérément malgré mon jeune âge, de me parasiter l'existence avec ces fariboles. Je m'empressai évidemment, la puberté venant, de trouver mille nouvelles raisons de me pourrir la vie...


3 commentaires:

LESA FAKER a dit…

super texte

Anonyme a dit…

Cher Lesa,
Comme d'hab, son éducation religieuse l'inspire. C'est un ingrat, il devrait reconnaître sa dette en vers le tout puissant et son église, dire merci au petit jésus et arrêter de dauber sur son plus blond représentant sur terre. N'avez-vous pas, comme moi constaté, que ses diatribes les plus percutantes et ses textes les mieux tournés, c'est la vraie foi et son apôtre fossilisé qui les lui inspire?
Bises
Angevine qui en redemande

LESA FAKER a dit…

diantre, il est comme ma mère, le gredin...

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