En ce moment il y a à la radio plein d'émissions où viennent causer l'après-midi des gens qu'ont des malheurs, un peu façon Durue-Delamas, mais sans l'image. Il y a généralement un psy, parfois Cyrulnik qui vient solder un reste de résilience ou vendre une once de serenpidity (ça n'a rien à voir mais c'est aussi son dernier dada à Cyrulnik). Le point commun de tous ces gens qui viennent chercher du secours radiophonique, c'est qu'ils sont, comme disent les animatrices (oui, à cette heure-ci ce sont plutôt des femmes, mais le psy d'occase nocturne Ruffo n'est pas mal non plus...), "en souffrance". "En souffrance" disent-elles donc et le répètent et le redisent encore ! Mais non, connasses hertziennes rémunérées, ce sont les lettres et les colis qui sont "en souffrance" à la poste ! pas les gens... Les gens, eux, ils sont dans un état de souffrance...Ils souffrent... tout simplement
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5 commentaires:
Eteins ta radio, tu vas être contaminé !!!
A la même heure, Mermet.
Sinon, si comme moi tu l'oublies, tu mets un disque !
Plus sérieusement, j'avais noté ça aussi et puis ces derniers jours, un peu moins de Sarkozy dans les médias, du coup, retour des faits divers à la Une…
:-)
Ah ben, c'est comme un frigo ou un garde-manger, faut le fournir !
"Ils" n'ont pas trouvé mieux pour désigner la souffrance morale. C'est pure rhétorique!
"J’attends que le facteur soit passé avant de sortir. Rien d’exceptionnel n’arrive, et pourtant, le bruit de la mobylette du facteur est l’un des moments clés de la journée (peut-être parce que mon père était facteur ?). La nouvelle que j’attends arrivera sans doute par e-mail. Mais nous attendons tous une nouvelle, non, qui va changer notre vie ? Nous nous fabriquons des raisons d’attendre, nous espérons tant. L’écrivain vit beaucoup d’attente. Parce que, de temps à autre, il jette une bouteille à la mer, quelques centaines de pages, dont il espère qu’elles atteindront un rivage. Chacun de ses livres le sauve, croit-il, de quelque chose. Il prend le train pour rencontrer des lecteurs, des journalistes, mais celui qui a écrit et celui qui apparaît, avec son visage et sa voix, sont deux personnes différentes. C’est parfois compliqué d’être aussi nombreux. Je prends le périphérique avec ma voiture. On ne peut plus écouter la radio sans avoir l’avis des auditeurs, sans que Jeanine appelle de Limoges pour témoigner, dénoncer. J’aimais bien le matin quand un musicien ou un cinéaste mal réveillé parlait de son travail, quand il disait l’énergie qu’il lui fallait pour convaincre un producteur, composer des mélodies dans sa cuisine, même s’il y a toujours quelque chose de narcissique et de vain à parler de soi. J’aimais bien cette mise en route du matin, les hésitations de Jean-Louis Murat, les cris de Dominique A découvrant qu’il chantait faux, l’incroyable logique de Christine Angot. Nous sommes désormais réduits à notre condition de consommateurs, qui doivent comparer leurs abonnements, leurs forfaits. Nous devons dénoncer, ne pas nous laisser entuber. Pourquoi c’est ainsi que change le monde ? Dans ce qu’il a de plus mesquin ? Où sont passées les voix de ceux qui nous aident à vivre, à comprendre, à supporter ? Au secours, j’aimerais entendre des voix !"
Extrait de «Connaissez-vous cet Occident-là ?»
PAR BRIGITTE GIRAUD
QUOTIDIEN LIBERATION: samedi 16 juin 2007.
Chère Armel, pourquoi alors ne pas dire simplement comme vous le faites : "ils souffrent moralement"... D'autant plus que l'expression a déjà ce sens précis que je signale...
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