Samedi 4 mars. Dixième anniversaire de la mort de Duras. Je vais à Chaville écouter Claire Deluca lire des extraits de "La vie Matérielle" et Dieu sait qu'elle fait ça bien ; je suis sûr qu'elle fait semblant de lire et qu'elle sait tout par coeur... mais elle ne l'avouera pas, jamais. "La vie matérielle" est un drôle de bouquin. C'est un blog avant l'heure. Elle ( j'allais dire "on") y parle de choses et d'autres, certaines futiles, certaines graves. Mais toujours sur le même plan, sur le même ton, celui de la poésie. Duras serait poète ? Ben oui ! Sûrement ! Pas "forcément", mais sûrement... Seuls les poètes ont cette clairvoyance, ce refus de s'en laisser compter, même s'ils se font ,comme les autres, rouler dans la farine... Or donc Duras prévient que la publication de ces textes ne lui semblait pas si nécessaire au départ. Si elle les a publiés, c'est donc qu'elle a reconnu leur pertinence. Elle parle de choses inattendues. La propreté des bébés... La bonne tenue d'une cuisine et la nécessité de toujours y trouver des denrées courantes... Et un texte entier sur l'eau. Je devrais dire sur l' EAU. L'eau qu'on versait à seaux sur le sol de la maison maternelle en Indochine et qui devenait le lien égalitaire entre les enfants de colons et les enfants des "boys", l'eau des cascades de la même Indochine, l'eau qu'elle verse sur les dalles de sa maison de Neauphle. Il est probable qu'elle n'en dit pas réllement autant, mais le génie de ce genre d'écrivain ( elle n'est sans doute pas la seule) c'est de faire en sorte que leurs lecteurs deviennent actifs dans la relation de leurs textes en les déformant. Je ne pratique pas Duras depuis longtemps. Je la découvre peu à peu, je dirais presque à son rythme à elle, pas au mien... Et jusqu'à présent ce n'est que du bonheur. Je pourrais vous parler de la manière dont elle parle de son rapport à l'alcool. Elle a cette phrase étonnante à propos de ses périodes d'abstinence entre deux d'alcoolisme et que je cite sans doute en la modifiant, " j'avais, en cessant de boire, de la sympathie pour l'alcoolique que j'avais étée"... A faire frémir tout psychologue des services de cures... Et pourtant... Duras est la personne , avec Cocteau qui ont le mieux parlé avant même que le terme soit " formaté" des comportements "addictifs". Sa relation avec Yann Andréa, c'est la même histoire... les deux d'ailleurs se rejoignent puisqu'ils finissent par, non pas "boire", mais vraiment "picoler" ensemble... Il y a donc dans ce texte qui n'est peut-être pas le meilleur, au sens "artistique" du terme, de Duras, la rencontre magique du sublime et du sordide... la vie , la vraie... Cette lucidité mélée de naïveté dans sa relation avec, comme elle l'appelle parfois "Y.A" et que seuls peuvent décrypter ceux qui ont partagé ou partagent les orientations ( qu'elle savait ) de celui qu'elle finit par présenter comme un assez vulgaire mais indispensable "gig". et ce en particulier et c'est pathétique, lorsqu'elle parle de ses absences pendant lesquelles elle imagine qu'il allait simplement se promener sur la plage... Cela dit, j'ai entendu en préambule à la lecture de la " La vie Matérielle", un texte tout à fait remarquable du même Yann Andréa.
Maintenant il y a une une chose qui me chiffonne...
-Pourquoi dans ces lieux de mémoire durassiens trouve-t -on ( j'ai eu le temps de faire le compte récemment à plusieurs reprises) environ 85% de femmes et 15 % d'hommes ? Je ne puis croire un instant que Duras ne soit lue que par des femmes.
-Pourquoi les femmes présentes à ces manifestations sont elles si stéréotypées ( Plus Sonya Rykiel ( vrai ou faux) que Chanel ( vrai ou faux) ... J'ai de surcroit toujours l'impression, en bon paranoïaque de proximité, qu'elles se demandent, façon durachiennes de garde, ce que je fous là...
Ah attention !
D'aucuns bien intentionnés ont pour projet de faire croire que Christine Angot serait l'héritière directe de Duras !
Autant affirmer que Barbara Cartland descend directement de Madame de Lafayette ...
Maintenant il y a une une chose qui me chiffonne...
-Pourquoi dans ces lieux de mémoire durassiens trouve-t -on ( j'ai eu le temps de faire le compte récemment à plusieurs reprises) environ 85% de femmes et 15 % d'hommes ? Je ne puis croire un instant que Duras ne soit lue que par des femmes.
-Pourquoi les femmes présentes à ces manifestations sont elles si stéréotypées ( Plus Sonya Rykiel ( vrai ou faux) que Chanel ( vrai ou faux) ... J'ai de surcroit toujours l'impression, en bon paranoïaque de proximité, qu'elles se demandent, façon durachiennes de garde, ce que je fous là...
Ah attention !
D'aucuns bien intentionnés ont pour projet de faire croire que Christine Angot serait l'héritière directe de Duras !
Autant affirmer que Barbara Cartland descend directement de Madame de Lafayette ...
4 commentaires:
Très joli blog, cher pple moqueur, qui me donne envie, non pas de relire ( ce qui en jetterait...) mais de lire Duras.C'est encore mieux, mais par quoi commencer?
Cher anonyme,
Je ne suis pas un spécialiste de Duras et moi aussi je débute... J'ai pour ma part commencé par le scenario d'"Hiroshima mon amour" et surtout des appendices de ce scenario ( Folio )dont la même Claire Deluca a fait ce spectacle remarquable " Nevers" . Après, je pense qu'il faut prendre les écrits au fur et à mesure de leurs parutions. Ne pas oublier le théâtre, bien sûr !
Bonne lecture !
C'est très curieux mais, j'ai l'impression que s'il y a des écrivains dont on pourrait dire bêtement qu'ils " rendent plus intelligent" ( pour autant que ce soit possible ) il en est en revanche qui rendent plus humains, et ça , avec Duras, même si ce n'est pas très "tendance", c'est certain...
Qui a eu l'idée stupide de comparer Christine Angot à Duras?
Duras est écrivain, un vrai, l'autre pas.
Le premier livre que j'ai lu d'elle c'est "Moderato Cantabile" et cela après avoir vu le film de Peter Brook avec Jeanne Moreau et Belmondo et après j'ai continué.
aPersonne ne l'a encore écrit, il s'agit simplement d'un projet ( pas d'un complot, restons sérieux ! ) visant néanmoins pour des raisons autant économiques que littéraires de faire accréditer cette invraisemblable filiation.
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