Jeanne d'Arc, les putes, son épée, son destin

Je lis à l'instant que la très foleyante Jeanne d'Arc avait une sainte (of course) horreur des putes.
Tout "ost", c'est à dire toute armée en campagne à l'époque et depuis très longtemps, était accompagné d'un cortège incroyable et nombreux d'animaux, de charrois, d'aventuriers, devins, apothicaires, artisans, pourvoyeurs, commerçantes en tous genres dont la plus emblématique fut, deux siècles plus tard, immortalisée par Grimmelshausen sous le nom de Mutter Courashe hâtivement traduite en français par "Mère Courage". Mais s'il y avait déjà, du temps de Jeanne d'Arc, des cantinières comme Courashe, il y avait aussi, bien sûr, des prostituées. Et celles-là, d'emblée, Dieu seul qui la connaissait bien sait pourquoi, la pucelle les détesta. Elle les vira sans ménagement des alentours de ses troupes ou les obligea à se marier, la tolérance avec ou sans maison n'étant visiblement pas son truc, à la lorraine...

Toujours est-il qu'on raconte que dans son obsessionnelle et hystér-héroïque chasse aux raccrocheuses, dès qu'elle en voyait une, au lieu, profitant de sa masculine apparence, de la gouiner en douce comme nous l'eussions fait, vous et moi, elle la frappait violemment dans le dos du plat de sa rapière, histoire de la remettre dans le droit chemin. La robuste pucelle n'était pas vraiment tendre, quand au cul, n'en parlons pas, joker ! comme disait Charles VI le roi fou qui aurait, selon Claudel, inventé le jeu de cartes.
Lorsqu'elle récupéra la prétendue épée de Charles Martel découverte à Sainte-Catherine-de-Fierbois et qui devait être son porte-bonheur, son talisman, son "Fulgur au poing", elle ne trouva rien de mieux, à peine en possession de l'admirable relique dont on dit qu'elle perdit sa rouille sitôt qu'elle l'eut saisie, au lieu de la garder pour mieux bouter l'anglois, que d'aller la briser sur l'échine de la première horizontale tourangelle qu'elle croisa.
Nombreux furent, paraît-il, ceux de son entourage qui virent là, autant qu'un curieux choix dans ses utilités, bien funeste présage.