22 mai, 2008

Igloo's story

Alors voilà, Orlando cause des animaux qu'on castre, ça me rappelle...

Il y a quelques années, près des boites aux lettres, je trouve un matin de printemps une bestiole que j'identifie sous la crasse comme un chaton. Tout petit, à peine sevré, le poil gluant, enverminé, les yeux pleins de merdes, une horreur. Je lui dis: “Allez Rex ! au pied ! on y va !”. La queue aussitôt en hallebarde, il m'a suivi en trottinant, c'est à dire qu'il m'a précédé. Vous avez remarqué je pense, les chats sont les seuls animaux qui vous "suivent devant"... Ma nièce Elisabeth remarquable experte en chatologie appliquée nous a conseillés à distance, la hot-line du sauvetage félin, en quelques sortes... Petits pots, shampoing doux, bref on l'a lavé, briqué, nourri, gardé. Un fauve que c'est devenu ! Noir-corbeau, avec une tache blanche sur le jabot comme la portaient les Frères des Écoles Chrétiennes. Il avait pas son pareil pour nous faire partager le produit de sa chasse, le matin quand il rentrait de sa virée nocturne. Souris, passereaux, rapiettes, posés offrandes-potlatch sur le paillasson. Tout lui était bon quand il y avait des poils, de la peau ou des plumes, il aurait chopé le Saint-Esprit en plein vol. Un matin on gratte à la porte. J'ouvre et voila que se précipite un demi-pigeonneau vivant, les tripes à l'air, pas réparable, qui réussit quand même à voleter, giclant du sang de partout, suivi du greffier en furie qui cherche à le rattraper en faisant le tour de la pièce sur les murs... Il me reconnaît plus, me prend pour un rival, il veut me tuer aussi, je me défends, je réussis à plaquer au sol le pigeon qui expire en m'aspergeant d'un flot d'hémoglobine. Le chat se calme...Caresse, dodo, ah, le salaud ! On l’avait appelé Igloo, c'est Solange qui a choisi pendant qu'on était chez elle en vacances. Il venait quand on le sifflait. Deux fois, qu’on nous l’a katnappé. Affichettes dans le quartier, une heure après on nous téléphonait : “C’est nous, on l’a, venez le chercher, on n’en veut plus, c’est un monstre, un calvaire, une corrida, venez vite !”

Quand j‘ai amené Oscar le Chien, il devait être deux heures du mat. Tout de suite, il l’a pris en charge, lui a tout montré, tout appris, comment courir dans la maison à fond la caisse en passant sous les chaises sans rien renverser, comment piquer ce qu’il y a sur la table en effaçant le moindre indice, comment bouffer doucement, comme un chat ! en plusieurs fois. Ils partageaient la même gamelle, dormaient en pelote dans le canapé. Et tous les soirs à huit heures tapantes tant que le chien put s’y tenir, il lui fit, sur une chaise (toujours la même) sa toilette.
On répugnait à le faire castrer... Un jour il est parti faire sa virée comme d'habitude, on l’a jamais revu. Les affichettes cette fois sont restées sans réponse. Polo et le chien en ont fait une déprime (ben, moi aussi, bien sûr !) J’ai cru plusieurs fois le rencontrer. Dès que je voyais un chat noir et beau, j'appelais doucement, un peu honteux oh, pas par rapport aux gens, par rapport au chat lui-même, vous savez, les catophiles, ça existe ! Mais je crois que je me mentais parce que ça m’arrangeait... C’était l’époque où Madame Rose (elle s’appelait pas Rose, Madame Rose, Rose c’était le nom de sa villa inscrit en majoliques sur la façade) a été retrouvée morte dans sa vieille maison qu'on a rasée depuis, à deux cents mètres de chez nous, entourée d’une dizaine de chats qui avaient commencé, vu qu'elle les négligeait, à se nourrir sur son compte et qui ont été, paraît-il, “mis en pension”... On l’a su bien après. Peut-être bien qu’il en était, Igloo, castré ou non, du nombre des nécro-anthropophages... Le chef ? Qui sait ...

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