C'est rigolo. Rapidement, quelques jours seulement après la mort de Henri Salvador et du concert de louanges qui accompagna son décès, apparaissent sur le blog des voix, comme on dit, discordantes. Non, le chanteur mort n'aurait pas été le mec bien qu'on croyait de son vivant, certains disent même que c'était une belle ordure, et de laisser imaginer que les silences de son fils naturel Jean-Marie Perrier à son égard abondent dans ce sens. D'abord, qu'on leur foute, à l'un et à l'autre, la paix, c'est leur histoire. Ensuite de quel droit demanderait-on à un chanteur d'être "un mec bien" ? Autant reprocher à Jean-Jacques Rousseau que ses écrits sur l'éducation vous passionnent, d'avoir abandonné tous ses enfants... Est-ce que vous vous demandez si votre boucher est un mec bien ? Non ! vous lui demandez de vous vendre de la bonne viande et de ne pas appuyer discrètement sur la balance... Combien de crémiers battent visiblement ou non leur femme, à qui vous achetez en confiance et pour régaler vos sens qui ignorent toute morale, Chavignol, Camembert ou sublimes Pouligny ? Alors, pourquoi demander à votre fournisseur en chansonnettes un certificat de vertu ? Salvador était chanteur, parolier, compositeur, guitariste. Parmi ceux qui le dégomment aujourd'hui combien sont en droit sur le plan artistique et quelque soit la manière dont on le classe, de le déconsidérer au seul titre de la morale... Je crois surtout que c'est histoire de causer, de faire l'intéressant...
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Je suis en désaccord avec vous sur ce point, une fois n'est point coutume. Lorsque j'apprends qu'untel, par plusieurs sources, est un véritable salaud, que par exemple, mon boucher au lieu d'être un artiste, savate les chiens, brûle les chats, beigne les femmes et pisse sur la poésie de Rimbaud, j'ai vraiment beaucoup de réticences à alimenter son commerce de mes biens sonnants et trébuchants. Quand Danone avait fourni des denrées périmées en Afrique en les faisant payer le prix fort, devions nous fermer les yeux ? Les produits Danone furent boycottés et la société en pâti selon son mérite. C'est cela aussi, l'art de penser par temps de peste. ;)
RépondreSupprimerBref, autant je peux admirer une oeuvre et être fasciné par le "feu mystique" qui la transfigure, autant je laisserai crever son auteur s'il était une véritable ordure, violeur d'enfant, brûleur de chiots, etc...
enfin, vous comprenez je pense ma position sur ce point.
Nag.
e comprends très bien. Je voulais seulement dire que tant que je ne sais pas que mon boulanger est une saleté je serai son client mais, bien entendu, qu'au cas où je l'apprends j'irai chez un autre même si le pain est moins bon... La question était de savoir si l'on doit à tout prix chercher à savoir, voire, à faire savoir. Sans doute oui, mais dans ce cas, on n'a pas fini car on ne peut faire l'économie de s'inquiéter des rumeurs...
RépondreSupprimerAprès vient,par exemple, le cas "Céline". Doit-on ne pas lire Céline au prétexte de ses compulsives haines racistes et de ses compromissions pétainistes ? Sans doute non, peut-être oui, mais alors, quelle privation! Doit-on se priver d'écouter Orff en raison de ses sympathies nazi quand il suffit simplement de trouver que sa musique est à chier... C'est là qu'éthique et esthétique se culbutent joyeusement...
Ce qui me gênait dans l'histoire de Salvador,c'est ce déboulonnage extrêmement rapide comme s'il s'agissait surtout de profiter d'une sorte d'"aubaine médiatique".