Voila, je suis de retour. J'étais parti fleurir mes tombes.
Sur l'une d'entre elles il y a un chrysanthème mais aussi des cailloux, syncrétisme post-mortem. Savez-vous que le pire ennemi des morts c'est la mousse qui se dépose, s'introduit et prospère, spore par spore sur les lettres gravées dans la pierre et masque peu à peu, si l'on n'y prend pas garde, le nom du disparu ? Le vrai larbin du temps, l'auxiliaire de l'oubli pour peu que la dalle soit orientée au nord, je vais vous dire, c'est le lichen ! J'ai donc ainsi gratté un prénom, un nom et deux dates, des chiffres et des lettres en quelques sortes, ça l'aurait bien fait rigoler.
Sur la tombe maternelle il y avait et ce depuis des lustres deux croix bien trop grandes qu'on avait disposées en "V" pour qu'elles tiennent côte à côte, V comme "Mort où est ta Victoire" façon Borgnole and C°... C'est avant-hier seulement qu'on s'est dit que, quand même, une suffisait... J'ai donc soustrait l'autre, la plus moche... Facile ! Mais qu'est ce que j'en fais maintenant de mon Christ en maillechort sur sa croix de feuille de marbre ? Je vais pas le larguer au dépotoir, je respecte ! Je regarde si sur une tombe voisine, y aurait pas un petit déficit. Des nèfles ! alentour, l'ex-voto prolifère, ça déborde, ça dégorge, ça pullule, c'est la crise du logement, la cité d'urgence du souvenir. J'avise plus bas, contre le mur, une concession en déshérence et lui fais don incontinent du très grave et divin symbole. Oh la-la ! Qu'est-ce que j'ai pas fait ! Au nom du respect des consciences, mes soeurs me tancent, me morigènent ! Qu'est ce qui te prouve que ce défunt (dont la tombe, entre nous, est désespérément vide de tout souvenir) voulait d'un crucifix ? Ok-ok ! y a rien à redire ! J'y retourne et je porte ma croix... Heureusement pour moi (car je commence à la trouver pesante), à trois pierres d'ici, sur une tombe visiblement catholique apostolique et romaine, une croix en céramique qui avait du être marron façon bûche de Noël avec des petites fleurs et puis du lierre aussi, est littéralement explosée, ratatinée, en poudre. D'un revers de main je balaie les résidus et je la remplace, bien au milieu, par ma croix, à moi l' éphémère et perclus christophore.
Mais au fait, je veux bien qu'on prenne en compte les éventuels désirs des morts sur le plan de la croyance. D'accord, le premier n'en voulait peut-être pas mais qu'est-ce qui me prouve que celui qui en hérita finalement en souhaitait une aussi sinistre, grisâtre, neurasthénique ?
C'est fou, quand on s'approche des morts, les questions qu'on se pose et le nombre de réponses qu'on n'aura jamais !
Sur l'une d'entre elles il y a un chrysanthème mais aussi des cailloux, syncrétisme post-mortem. Savez-vous que le pire ennemi des morts c'est la mousse qui se dépose, s'introduit et prospère, spore par spore sur les lettres gravées dans la pierre et masque peu à peu, si l'on n'y prend pas garde, le nom du disparu ? Le vrai larbin du temps, l'auxiliaire de l'oubli pour peu que la dalle soit orientée au nord, je vais vous dire, c'est le lichen ! J'ai donc ainsi gratté un prénom, un nom et deux dates, des chiffres et des lettres en quelques sortes, ça l'aurait bien fait rigoler.
Sur la tombe maternelle il y avait et ce depuis des lustres deux croix bien trop grandes qu'on avait disposées en "V" pour qu'elles tiennent côte à côte, V comme "Mort où est ta Victoire" façon Borgnole and C°... C'est avant-hier seulement qu'on s'est dit que, quand même, une suffisait... J'ai donc soustrait l'autre, la plus moche... Facile ! Mais qu'est ce que j'en fais maintenant de mon Christ en maillechort sur sa croix de feuille de marbre ? Je vais pas le larguer au dépotoir, je respecte ! Je regarde si sur une tombe voisine, y aurait pas un petit déficit. Des nèfles ! alentour, l'ex-voto prolifère, ça déborde, ça dégorge, ça pullule, c'est la crise du logement, la cité d'urgence du souvenir. J'avise plus bas, contre le mur, une concession en déshérence et lui fais don incontinent du très grave et divin symbole. Oh la-la ! Qu'est-ce que j'ai pas fait ! Au nom du respect des consciences, mes soeurs me tancent, me morigènent ! Qu'est ce qui te prouve que ce défunt (dont la tombe, entre nous, est désespérément vide de tout souvenir) voulait d'un crucifix ? Ok-ok ! y a rien à redire ! J'y retourne et je porte ma croix... Heureusement pour moi (car je commence à la trouver pesante), à trois pierres d'ici, sur une tombe visiblement catholique apostolique et romaine, une croix en céramique qui avait du être marron façon bûche de Noël avec des petites fleurs et puis du lierre aussi, est littéralement explosée, ratatinée, en poudre. D'un revers de main je balaie les résidus et je la remplace, bien au milieu, par ma croix, à moi l' éphémère et perclus christophore.
Mais au fait, je veux bien qu'on prenne en compte les éventuels désirs des morts sur le plan de la croyance. D'accord, le premier n'en voulait peut-être pas mais qu'est-ce qui me prouve que celui qui en hérita finalement en souhaitait une aussi sinistre, grisâtre, neurasthénique ?
C'est fou, quand on s'approche des morts, les questions qu'on se pose et le nombre de réponses qu'on n'aura jamais !
Témoin de ce cas de conscience, à vos côtés, cher PP... Tout est dit dans votre blog, rien à ajouter. Bises
RépondreSupprimerMais moi d'ajouter : dit et très bien dit, et très bien écrit!
RépondreSupprimerPas de mérite, c'est rien que du vécu !
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