Bon, soyons clair, la Semaine dite Sainte était une période
épouvantable qui culminait dans l'horreur le vendredi à 15 heures
précises, heure présumée de la mort du Christ. Tout, depuis le lundi
précédent, préparait le petit chrétien que j'étais à prendre conscience,
fussè-je très jeune, de ce que j'étais responsable du supplice et de
la mort du "Fils de Dieu"' qui allaient invariablement se produire
comme tous les ans à pareille époque. Lourde responsabilité que ma mère
sans être une bigote caricaturale mais une bonne obsessionnelle
compulsive du rituel et de ses mentalités magiques savait sournoisement
nous faire endosser. Je dis nous mais peut-être devrais-je en toute
honnêteté plutôt dire " moi". Dernier de la portée de sept, je devais
étant le plus jeune et de ce fait isolé du reste de mes frères et sœurs
(à l'exception de celle qui me précéde immédiatement par l'âge) dont la
plupart étaient autonomes, supporter un poids qui avait sans doute été
un temps partagé en sept.
Bref le vendredi saint était un jour de tristesse absolue, à se pendre comme Juda à un arbre du jardin, seul l'interdit du suicide me protégeant fort à propos d'un acte qui m'eût expédié directos en enfer sans même passer par la case "Purgatoire" . Pas de jeux donc, pas de rigolades, pas de plaisanteries, ma mère y veillait dans un recueillement de rigueur, en nous imposant un visage de "mater dolorosa" qui se décomposait au fur et à mesure que l'heure fatale arrivait.
A 15 heures tapantes, c'était le silence intégral dans la grande maison et, gagné par une trouille irrépressible, j'attendais que, tel le rideau du Temple se fendant en deux, l'énorme baraque s'écroule sur moi en raison de mes péchés certes confessés, mais suivis inévitablement par l'enchainement effréné d'autres pensées impures ou blasphématoires totalement incontrôlables. A 15 heures - une, tout rendrait dans l'ordre et la maison, intacte, sortait de sa chrétienne torpeur... On était tranquille pour un an.
Bref le vendredi saint était un jour de tristesse absolue, à se pendre comme Juda à un arbre du jardin, seul l'interdit du suicide me protégeant fort à propos d'un acte qui m'eût expédié directos en enfer sans même passer par la case "Purgatoire" . Pas de jeux donc, pas de rigolades, pas de plaisanteries, ma mère y veillait dans un recueillement de rigueur, en nous imposant un visage de "mater dolorosa" qui se décomposait au fur et à mesure que l'heure fatale arrivait.
A 15 heures tapantes, c'était le silence intégral dans la grande maison et, gagné par une trouille irrépressible, j'attendais que, tel le rideau du Temple se fendant en deux, l'énorme baraque s'écroule sur moi en raison de mes péchés certes confessés, mais suivis inévitablement par l'enchainement effréné d'autres pensées impures ou blasphématoires totalement incontrôlables. A 15 heures - une, tout rendrait dans l'ordre et la maison, intacte, sortait de sa chrétienne torpeur... On était tranquille pour un an.
Dieu merci, bien qu'issu d'une famille très croyante, on ne m'a jamais infligé ça !
RépondreSupprimerJe ne suis pas certain que ma mère était si croyante que ça... Elle procédait à des rituels qu'un "ordre" supérieur l'obligeait à pratiquer. Bref maman chérie était zinzin, obsessionnelle compulsive . j'ai dû lutter très fort pour ne pas hériter de ses névroses qu'elle avait un talent certain à communiquer alentour ...
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