Gamin, j'allais au catéchisme et nous faisions en fin d'année, vers
juin, une sortie festive. Le curé louait un "Rapide du Poitou", dans
lequel il chargeait avec son vicaire les impétrants à la communion
solennelle. Une fois ce fut un pèlerinage du côté de Saint Laurent sur
Sèvre. On nous mena vers une petite chapelle délabrée mais devant laquelle
se trouvait imprégnée rien moins que le pied de la Vierge ! C'était
certes admirable mais ne pouvait suffire à meubler une journée entière
pour une quarantaine de gamins en fin d'année scolaire. Mais Il avaient
tout prévu et après un match de foot avec un ballon dégonflé, la pompe
étant restée à Poitiers, ils nous conduisirent c'était prévu à l'usine
Fleury-Michon la plus proche où nous attendait un contremaitre en blouse
blanche. Heureusement c'était samedi, les employés étaient en repos. Le
brave homme néanmoins nous fit visiter l'abattoir et avec force détail,
mettant sa propre tête au milieu d'une des grosses pinces montées en
batterie, nous montra comment dans la semaine, on électrocutait les
porcs avant de les débiter... Je vais vous faire un aveu, je devais
avoir neuf ou dix ans à l'époque et je me jurai de ne jamais manger un
produit de chez Fleury Michon. J'ai tenu parole autant que faire se peut
car depuis, les marques se sont rachetées les unes les autre et peut
être que mon saucisson du WE vient d'une usine du groupe qui ne dit pas
son nom ... En attendant, ces braves curés voulant être modernes m'ont
traumatisé à un point que vous ne pouvez imaginer... Quand je lis
Fleury-Michon je vois des pinces, des pinces à cochons et à
électrochocs... Maintenant quand on a comme emblème un mec clouté sur
deux bouts bois, le sort des porcs semble léger... !
J'ai vécu un drôle de truc un peu similaire ! Il, un prof con, nous avait incité à visiter l'abattoir de Dreux. Ils y tuaient les vaches avec un gros pistolet duquel sortait, avec retenue, une boule métallique brillante et luisante. Ils le posaient sur le front de la vache entre les deux cornes, appuyaient sur la détente et pouf, plus de vache. Ensuite, après avoir rentré la boule pour la suivante (j'ai pensé à Brel : au suivant !) ils la saignaient. Des vaches avaient un pressentiment, d'autres pas.
RépondreSupprimerUne vache ressemblait à ma prof de math. Sachant qu'elle allait mourir, j'ai eu le coeur serré !
J'aimais ma prof de math, malgré ou à cause de son regard bovin, animal touchant qui nourrit les enfants avec son lait comme la prof nous abreuvait avec ses mathématiques !