Au tout début des années 80, par un bel après midi d'août, Élie et moi faisons une pause dans un bar des plus chic de l'avenue Matignon. Il y a, plus encore qu'à la Coupole d'antan, des dames seules, pour la plupart américaines et qui au mépris de leur scoliose portent au cou et aux poignets une part de la réserve de Fort Nox... Elles ont bien sûr toutes été jeunes mais surtout sont restées veuves et très riches.
Il y avait encore à cette époque à l'entrée des toilettes des bars, des dames-pipi, certaines avenantes, d'autres odieuses chargées de percevoir un modeste droit d'entrée, de veiller à la propreté des lieux ainsi qu' aux bonnes mœurs de la clientèle.
Une fois ma bière bue, je descends au sous-sol et comme on dit, "miction accomplie", tandis que je me re-lave les mains - oui, considérant qu'on a toujours les mains plus sales que le sexe, je les lave avant aussi - à deux pas de la préposée, celle-ci à qui je viens de donner 50cts me demande si je vais bien, parce que la vie pour les jeunes désormais, c'est difficile, si je n'ai pas de problème d'argent, parce que si c'est le cas, elle peut peut-être faire quelque chose pour moi... Comme je ne suis pas sûr d'avoir vraiment compris, je demande (au cas où, on ne sait jamais !) à cette bonne fée des faïences comment elle peut m'aider. Oh, c'est très simple... elle peut me mettre en rapport avec l'une de ces dames qui sirotent leur cocktail à l'étage. Ca ne me coutera rien, ce sont elles qui paient tout, les services tarifés mais négociables du jeune homme et les siens par la même occasion. Un bon deal en quelques sortes. Je la remercie et de retour à notre table je raconte ça à Élie qui descend constater par lui-même. Devant la beauté fulgurante et proche-orientale du jeune homme qui partage ma vie depuis quelques temps et jusqu'à ce que des années après la bête nous sépare, la dame-pipi ne veut plus le lâcher, elle a pour lui toutes ses clientes, au prix qu'il veut... qu'il attende un peu elle s'occupe de tout et dans l'instant, si elle pouvait, elle le séquestrerait dans une cabine.
Décidément, on est pas égaux devant le Charme et l' Amour et l' Argent ! ... Quant aux dames-pipi, certaines étaient aussi de vraies maquerelles, y a pas de raison !
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